Le contrôle du suffrage universel durant le Second Empire
Si le Second Empire a confirmé le suffrage universel masculin établi en 1848, celui-ci a été étroitement contrôlé. Le gouvernement met tout en oeuvre pour que les électeurs sachent qui est le candidat à la députation soutenu par le régime. Les préfets et sous-préfets les aident à faire campagne, les finances publiques paient l'impression de leurs profession de foi et des bulletins de vote à leur nom. Voici deux textes qui éclairent cette pratique :
Les consignes du ministre de l'Intérieur aux préfets
…
Dans les élections qui se préparent, le peuple français a un rôle important à
remplir. Mais ici quel ne serait pas son embarras sans l'intervention du
gouvernement ! Comment huit millions d'électeurs pourraient-ils s'entendre pour
distinguer, entre tant de candidats recommandables à tant de titres divers et
sur tant de points à la fois, deux cent soixante et un députés animés du même
esprit, dévoués aux mêmes intérêts, et disposés également à compléter la
victoire populaire du 20 décembre. Il importe donc que le gouvernement éclaire
à ce sujet les électeurs. Comme c'est évidemment la volonté du peuple d'achever
ce qu'il a commencé, il faut que le peuple soit mis en mesure de discerner
quels sont les amis et quels sont les ennemis du gouvernement qu'il vient de
fonder.
En conséquence, Monsieur le Préfet, prenez des mesures pour
faire connaître aux électeurs de chaque circonscription de votre département,
par l'intermédiaire des divers agents de l'administration, par toutes les voies
que vous jugerez convenables, selon l'esprit des localités et, au besoin, par
des proclamations affichées dans les communes, celui des candidats que le
gouvernement de Louis-Napoléon juge le plus propre à l'aider dans son œuvre
réparatrice. Je vous recommande surtout, Monsieur le Préfet, de mettre
l'intérêt de l'État au-dessus des questions de personnes.
Le gouvernement ne se préoccupe pas des antécédents
politiques des candidats qui acceptent avec franchise et sincérité le nouvel
ordre des choses ; mais il vous demande en même temps de ne pas hésiter à
prémunir les populations contre ceux dont les tendances connues, quels que
soient d'ailleurs leurs titres, ne seraient pas dans l'esprit des institutions
nouvelles.
Circulaire
de Persigny, ministre de l'Intérieur, aux préfets, 11 février 1852.
L'intervention des maires en faveur du candidat officiel
Électeurs de Vouzon,
Vous êtes appelés à venir déposer vos votes à la mairie les
dimanche et lundi 31 mai et 1er juin
prochains, pour nommer un député au Corps Législatif.
Vous n'oublierez pas tous les bienfaits dont l'Empereur a
comblé notre commune à ses différents passages, secours pour les pauvres,
secours pour notre église, don de la pompe à incendie.
Électeurs de Vouzon, vous prouverez notre reconnaissance à
l'Empereur en donnant vos voix à l'honorable M. Clary, recommandé par le
Gouvernement et par les services qu'il a rendus au département.
Vous n'oublierez pas qu'il vient encore de venir au secours
de notre commune, en obtenant pour nous une somme de deux mille francs pour
notre église dont nous ne pouvions payer les dépenses.
Électeurs de Vouzon, unissez-vous donc tous pour porter vos
votes sur M. Clary qui seul représente la pensée de l'Empereur votre auguste
Bienfaiteur…
Électeurs de Vouzon, votre maire compte sur votre dévouement
pour le gouvernement qui veut votre bien-être.
Vouzon, le 22 mai 1863, le maire de Vouzon
Appel
du maire de Vouzon (canton de Lamotte-Beuvron) reproduit par Georges DUPEUX, Aspects
de l'histoire économique et sociale du Loir-et-Cher, 1848-1914. - Paris, École Pratique des Hautes Études,
1962, p. 390
G.
DUPEUX ajoute que 241 électeurs sur 332 inscrits ont voté. 240 ont donné leur
suffrage à M. Clary.
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