Chapitre XI
Entre mémoire et histoire
Les conditions mêmes dans lesquelles
Napoléon s’éteint à Sainte-Hélène nourrissent la mythologie qui s’est emparée
de lui avant même son décès. En devenant une incarnation du Prométhée enchaîné,
le grand homme s’est imposé comme objet d’un mythe du héros qui grandit au XIXe
siècle et persiste jusqu’à nos jours[1]. Pourtant,
en le coupant du monde comme ils l’ont fait, les Britanniques espéraient que
les Français et les Européens l’oublieraient. Si sa pierre tombale, dans la
vallée du Géranium, à Sainte-Hélène, est demeurée sans nom, c’est parce que le
simple nom de Napoléon Ier leur semblait retentir comme une menace,
celui de Napoléon Bonaparte, auquel ils auraient consenti mais que refusent les
derniers compagnons, leur semblait plus modeste, bornant le souvenir de cet
homme à ses seuls faits d’armes des campagnes révolutionnaires. Mais les
Anglais n’ont pas pu empêcher le développement non seulement de la légende
dorée, mais aussi d’un culte impérial qui aujourd’hui encore compte des
adeptes : Napoléon lui-même, à Sainte-Hélène, ne prédisait-il pas que la
mémoire de son nom s’imposerait sans peine pour une longue postérité ? « Faute
de fonder un empire qui lui survive, cet homme éphémère a fondé une œuvre
éternelle : la plus grande des vies-romans », par laquelle il enivre
la littérature[2].
Cette fascination perdure au XXe siècle. Roland
Barthes qui, devant la photographie du roi Jérôme prise en 1852, songe avec un
étonnement devenu célèbre - « je vois les yeux qui ont vu
l’empereur » ‑, traduit l’aura exceptionnelle de la figure
napoléonienne[3]. Si bien
que Napoléon figure au deuxième rang des héros préférés des Français, derrière
le général De Gaulle, avec 18 % des suffrages exprimées par les personnes
sondées en 2004 pour Le Journal du
Dimanche. Elles voient en lui avant tout le père des institutions de la
France moderne[4]. La
lente construction d’une histoire de Napoléon et de l’Empire n’a jamais
remplacé la mythologie tissée au fil des littératures de tous les pays, des
œuvres d’art – cinéma compris dès les temps du muet ‑ et de la culture populaire
fondée entre autres sur des transmissions orales, des objets de toutes sortes,
des images utilisées jusque dans la publicité et même des reconstitutions de
batailles devenues imposantes au XXe siècle. Elle n’empêche pas non
plus le refus des adeptes d’entendre par exemple qu’il y a eu des prisons
d’État sous l’Empire[5].
Pourtant, sur fond de bicentenaire plus difficilement assumé en 1999-2014 qu’en
1969, une historiographie est venue renouveler les enseignements d’une longue
lignée de biographies commencée dès l’Empire même[6], tandis
que les Français entretiennent toujours un rapport très particulier avec la
mémoire napoléonienne[7].
1) Les multiples figures d’un héros universel
Dès la
première campagne d’Italie, la propagande orchestrée par Napoléon lui-même,
dans la presse diffusée depuis son armée, a forgé de lui le portrait d’un héros
au génie impressionnant et à la force de travail inépuisable. Durant son règne,
il continue de veiller à l’écriture de son histoire, pratique qui perdure
durant les Cent Jours. Le Moniteur,
dès le 23 mars 1815, publie une relation du retour de l’île d’Elbe qui est une
belle illustration de cette écriture en direct de la légende[8]. Or,
nombre de contemporains ont relayé cette image durant l’Empire même, tel Hegel
qui voit en lui « l’âme du monde », ou Goethe qui le place au rang
des demi-dieux. Après le temps finalement très court de la légende noire qui
s’épanouit surtout au début de la Restauration[9], et
particulièrement avec la brochure De
Buonaparte et des Bourbons, de Chateaubriand[10], la
légende dorée reprend vite le dessus. Balzac a montré, dans Le médecin de campagne notamment,
comment le souvenir d’un Napoléon du peuple se serait conservé dans les foyers
des humbles. Chateaubriand lui-même a reconnu que « le soldat et le
citoyen, le républicain et le monarchiste, le riche et le pauvre placent
également les bustes et les portraits de Napoléon à leurs foyers, dans leurs
palais ou dans leurs chaumières »[11]. La
chanson populaire, d’Émile Debraux puis de Béranger, mais aussi la littérature
de théâtre, plus libre sous la Monarchie de Juillet, favorisent ce culte
populaire, dont on peut trouver trace dans toute l’Europe et même
Outre-Atlantique. On peut dès lors, avec Sudhir Hazareesingh, constater qu’il
existe une légende, de nature plus populaire, sans forcément être en lien avec
les figures de la mythologie, construites par les élites.
Au XIXe siècle, Napoléon
est en effet omniprésent dans la culture des anonymes, qui, pour beaucoup,
persistent à voir en lui « le roi du peuple »[12]. Une
légende populaire est diffusée par des hommes et des femmes, modestes ou non,
qui restent fascinés par l’homme glorieux capable de faire face à toute
adversité, par le monarque héroïque capable de conquérir le monde. Les rumeurs
colportées de villes en campagnes, de vétérans de la Grande Armée en marchands
ambulants, n’en finissent pas d’annoncer son retour. Sa présence reste
obsessive dans l’imaginaire des Français, en témoignent la circulation des
nombreux objets séditieux et gravures à son effigie, avant comme après sa mort[13]. Il est
au cœur de croyances rurales providentialistes, faisant dire par exemple à un
paysan arrêté pour cris séditieux favorables à l’empereur : « avec
lui, j’aurai du pain »[14]. Il est
donc clandestinement présent dans la vie politique de la Restauration,
incarnant l’hostilité au retour de l’Ancien Régime tandis que se développe un
culte populaire prenant des formes diverses, individuelles ou collectives,
spontanées ou rituelles, attristées ou festives[15], il est
aux côtés des conspirateurs des années 1820 qui associent le nom de Napoléon
aux conquêtes de la Révolution. Il est dans l’univers politique de l’ouvrier
sellier Louvel, assassin du duc de Berry en février 1820[16]. Il
n’est pas oublié par les comploteurs des années 1830, tandis que son culte
s’exprime plus aisément, comme en témoigne Heinrich Heine, séjournant en France
en 1831-1832 :
« On
ne se figure pas, hors de France, combien le peuple français est encore attaché
à Napoléon. “Napoléon” est pour les Français une parole magique qui les
électrise et les éblouit. Mille canons dorment dans ce nom aussi bien que dans
la colonne de la place Vendôme […] on voit son image partout, en estampe, en
plâtre, en métal, en bois, et dans toutes les situations. Sur les boulevards et
dans les carrefours se tiennent des orateurs qui célèbrent l’homme, des
chanteurs populaires qui redisent ses hauts faits »[17].
Sous
Louis-Philippe, cette mémoire impériale est un support d’activisme politique,
la majeure partie de la population participe à ce culte qui joue un rôle
essentiel dans le succès politique de Louis-Napoléon en 1848[18]. Il
demeure un objet de fascination, composante essentielle de l’univers non
seulement des Français mais aussi de tous les Européens, mais également des
Américains, au Nord comme au Sud, et parfois même des Chinois.
Après la mort de l’empereur, la mythologie napoléonienne est
forgée pour sa part dans la matrice du romantisme des plus grands écrivains de
la littérature du XIXe siècle. La réception du Mémorial de Sainte-Hélène, que Las Cases publie en 1823[19], fait
de Napoléon le champion des mouvements nationaux au cœur desquels se retrouvent
d’ailleurs nombre d’anciens officiers de la Grande Armée[20], quand
ce ne sont pas les neveux de Napoléon, tels les fils de Louis Bonaparte et
Hortense de Beauharnais, en Italie. Stendhal, en peignant les enthousiasmes et
les rêves de Julien Sorel dans Le rouge
et le noir, paru en novembre 1830, a presque tout dit de la place que
Napoléon a occupée durant le premier XIXe siècle. Il cristallise les
espoirs libéraux, il nourrit les rêves de gloire et de grandeur de jeunes
générations qui idéalisent les campagnes napoléoniennes et assimilent, comme
Napoléon lui-même le souhaitait, l’Empire à l’héritage de la Révolution. Dès
1824, les acteurs des campagnes napoléoniennes commencent à livrer leurs
témoignages : leurs mémoires, les uns après les autres, dessinent de
Napoléon tout à la fois l’image d’un homme profondément humain et proche de ses
soldats mais aussi celle d’un être à nul autre pareil dont les aptitudes ne
peuvent que susciter l’admiration[21]. Leurs
témoignages forgent peu à peu le mythe du héros, et en exaltant les temps
napoléoniens qui ont ouvert les carrières aux talents, ils font de Napoléon
l’artisan de la démocratisation de l’héroïsme[22].
Parallèlement, des poètes et écrivains comme Heine, Manzoni ou Pouchkine
contribuent à nourrir la fascination de tous les Européens pour l’empereur. À
partir de 1827, Victor Hugo, jusqu’alors poète des royalistes, devient le plus
brillant des chantres du napoléonisme. Parce que le romantisme s’enthousiasme à
la fois pour les grands hommes et pour le pathétique de la solitude, parce
qu’il est également fasciné par l’histoire, Napoléon et les années de gloire
qu’il a offertes à la France deviennent un sujet privilégié pour ces poètes qui
s’évadent de la morosité des temps présents par un retour dans un passé
idéalisé où un homme a su, seul, pense-t-on du moins, se hisser au plus haut
rang. Le recul du temps comme le morne règne de Charles X ne laissent plus
retenir de Napoléon que la geste glorieuse.
D’Alfred de Vigny à Alfred de Musset en passant par Nerval,
Stendhal ou Balzac, et finalement Chateaubriand, tous les romantiques sont
fascinés par ce destin hors du commun : héros militaire, Napoléon est
aussi le jeune homme pauvre qui s’est fait seul pour atteindre un charisme
inégalé auprès de son armée puis de ses sujets, avant de connaître la solitude
de Prométhée, ce qui achève de faire la perfection romanesque de sa destinée.
Cette mythologie ne dédaigne pas pour autant les qualités humaines du
personnage, indispensables à tout vrai héros romantique, vibrant de passions et
de sentiments. La dimension politique elle non plus n’est pas oubliée :
point de romantisme sans engagement politique, et lorsque le romantisme tourne
le dos au royalisme, il adopte définitivement ce héros de gloire, de solitude
et de passion qui a de plus laissé la réputation de sauveur de la Révolution.
C’est pourquoi, en 1830, Victor Hugo ose proclamer, dans Les chants du crépuscule, où il s’adresse à Napoléon, « nous
t’avons pour Dieu sans t’avoir eu pour maître »[23]. Il
prend alors fait et cause pour le retour des Cendres que la Monarchie de
Juillet orchestre en 1840. Le souvenir de Napoléon est décidément un élément
essentiel de la culture politique de la France du XIXe siècle. Avec
le retour des Cendres, elle se réconcilie très officiellement avec le passé
impérial dans la gloire duquel Louis-Philippe tente de se draper, tandis que
Louis-Napoléon, au même moment, est emprisonné pour avoir échoué dans sa
tentative de soulever l’armée en débarquant à Boulogne. Mais la légende
poursuit son chemin, Pellerin, à Épinal, diffuse les gravures qui montrent
Napoléon en chef républicain simple, vertueux, équitable et compatissant :
Napoléon et la Révolution ne font désormais plus qu’un dans l’imaginaire
populaire[24].
Lors des élections présidentielles du 10 décembre 1848,
Louis-Napoléon bénéficie donc de l’aura de son oncle, ainsi accrue par la politique
mémorielle des Orléans. La postérité de Napoléon est là aussi, dans la réussite
politique du bonapartisme de la génération de ses neveux. Le Second Empire se
construit alors en établissant une relation de réciprocité entre hérédité et
démocratie[25] et
utilise les vétérans de l’Empire pour asseoir sa popularité sur la mémoire de
la gloire napoléonienne[26]. Pour
le reste, Napoléon III demeure prudent dans l’utilisation de l’image de son
prédécesseur : une trop grande statue élevée en l’honneur de son oncle
pourrait lui faire trop d’ombre, il ne peut oublier la condamnation cinglante
de Victor Hugo dans son Napoléon le
Petit, écrit en 1852. Le revirement du poète est emblématique de la façon
dont la prise du pouvoir par Louis-Napoléon a finalement eu des répercussions
sur l’image de Napoléon Ier dans l’opinion. Désormais, Victor Hugo
dénonce le 18 brumaire pour mieux fustiger le coup d’État du 2 décembre :
le recueil des Châtiments, publié à
Bruxelles en 1853, glorifie encore les victoires militaires de Napoléon,
remportées au nom de la liberté et de la Révolution, afin de mieux flétrir
Louis-Napoléon utilisant les soldats pour tirer sur le peuple, en décembre
1851. Pourtant, lorsque le « singe » Bonaparte se drape dans la peau
d’un tigre, ce dernier, en qui l’on devine bien sûr l’oncle impérial, est
caractérisé par sa méchanceté[27]. Et
lorsque Victor Hugo montre l’ombre de Napoléon effrayée devant le coup
d’État de son neveu, le poète suggère que Napoléon doit ainsi expier son
propre crime, le 18 brumaire[28]. L’attitude
politique de Napoléon III a donc conduit l’un des plus grands noms de la
littérature française à transformer la légende dorée qu’il avait lui-même
écrite en une épopée de nouveau condamnable. Napoléon III inaugure cependant
fièrement la crypte des Invalides, enfin achevée en 1861[29], il
renonce en revanche prudemment à célébrer le bicentenaire de la naissance de
son oncle, le 15 août 1869, en de trop grandes pompes. Cet anniversaire devait
être célébré par l’empereur au camp militaire de Châlons, cérémonie
partiellement annulée en raison de l’état de santé du souverain : seul le
prince impérial y assista[30]. En
1870, c’est encore Victor Hugo qui, dans l’Année
terrible, unit cette fois condamnation des guerres du Premier Empire et
défaite de Sedan : Napoléon Ier est alors confondu dans
l’opprobre jeté sur Napoléon III.
Pourtant le nom de Napoléon retentit
bientôt, de nouveau, à la tribune de la Chambre des députés. Dès 1871, Gambetta
avoue son admiration pour celui qui, affirme-t-il, « a fait la France,
malgré tout, incomparablement belle et puissante, belle d’une splendeur qui ne
périra pas malgré ses défaites, puissante d’une souveraineté qu’elle
retrouvera, malgré ses mutilations temporaires »[31]. Même
pour les républicains les plus convaincus, Napoléon continue d’incarner la
gloire éternelle d’une France qui ne peut que rapidement se relever de la
défaite. La mémoire de Napoléon est alors peu à peu incorporée dans la culture
officielle de la République française. Elle joue ainsi l’oncle contre le neveu
et promeut un héros revisité, de surcroît fort utile quand, à partir de 1881,
la France se heurte à la Grande-Bretagne dans la réalisation de ses ambitions
coloniales : l’anglophobie peut alors se nourrir des souvenirs du martyr
de Sainte-Hélène qui a lutté contre l’Angleterre pour défendre la Révolution.
Si la République se construit dans un rejet d’un pouvoir exécutif fort, elle ne
peut effacer la force de la fascination pour un héros incarnant la
nation : le mythe impérial demeure un capital dans lequel sont puisés les
éléments d’identité d’une nation qui tente de construire sa République sur les
ruines d’une défaite : dans cette entreprise, Napoléon est un héros des
plus utiles.
La République sait donc tirer profit de
la gloire militaire napoléonienne pour effacer l’humiliation de la défaite et
encourager les armées françaises à affronter la guerre : elle invite à
louer le général victorieux et à rejeter le politique dictateur. Toute une
génération est alors élevée dans le culte impérial. Du côté de la droite
extrême, Léon Daudet, né en 1867, se souvient de ses vingt ans passés dans ce
culte napoléonien renaissant : « À 20 ans […] je dévorais tout ce qui
paraissait sur Napoléon. […] Élevée dans l’ombre et la douleur de la défaite,
notre génération se consolait et se montait le coco avec les récits de ces
campagnes qui, même désastreuses ou folles, gardaient dans leurs pages, avec le
son du canon, le goût de la victoire. La légende était encore là et mettait une
auréole dorée autour de la redingote grise et du petit chapeau »[32]. Louise
Bodin, née dix ans plus tard, élève à l’École Normale Supérieure de Sèvres puis
membre du parti communiste, a baigné, aux alentours de 1900, dans la même
atmosphère qu’elle critique sévèrement : « La napoléonite sévissait alors
à l’état aigu, à l’école, au théâtre, dans les rues et dans les salons, dans
les journaux et dans les livres, par la parole et par l’image. Nous autres, la
jeunesse étudiante, on nous intoxiquait savamment »[33]. À ces
témoignages fait écho le roman de Maurice Barrès : en 1897, dans Les Déracinés, il présente Napoléon
comme un « professeur d’énergie » qui se révèle à cinq jeunes
étudiants visitant la crypte des Invalides le 5 mai 1884[34].
L’évocation de l’empereur est l’occasion de prendre des accents revanchards,
revanche en laquelle, selon Barrès, il est d’autant plus permis d’espérer que
la force du rêve qui émane du souvenir du « Napoléon de l’âme » peut
se transformer en action. Dès lors, Napoléon incarne l’homme fort des
nationalistes. Mais c’est la France entière qui, tout en fixant ses regards sur
la ligne bleue des Vosges, n’oublie pas celui dont l’action débordante mena ses
troupes sur toutes les routes de l’Europe : il est ainsi érigé, pour toute
une génération, en un modèle d’énergie que la République ne doit pas se priver
d’utiliser.
Ernest Lavisse s’emploie cependant, au
travers des différents manuels scolaires qu’il dirige, à mettre en garde les
futurs citoyens contre le danger de confier le pouvoir à un homme trop
ambitieux : annexer la gloire de l’Empire ne doit pas empêcher de tirer
les leçons des plébiscites bonapartistes… Lorsque l’heure est à
l’affermissement de la République, le héros victorieux est d’ailleurs moins
honoré par la culture scolaire républicaine. Dans les manuels conformes aux
programmes scolaires de 1894, l’accent est mis plus que jamais sur les dangers
du despotisme et les succès militaires sont moins glorifiés. Le défenseur de la
Révolution face aux coalitions européennes est finalement oublié dans le
Lavisse de 1913, qui conclut en soulignant que Napoléon était détesté de
l’Europe qu’il opprimait[35]. La
volonté de croire en la paix, si forte encore en 1913, a conduit à reléguer la
mythologie napoléonienne.
Mais lorsque la guerre éclate, la
gloire du Premier Empire est très vite utilisée pour aider la République à être
à son tour victorieuse dans un conflit qui survient cent ans après la chute de
l’Empire. Édouard Driault, fondateur de la Revue
des Études napoléoniennes, fait de Napoléon l’organisateur de la victoire
de 1918 par la force des exemples qu’il a donnés. Puis, dans le contexte des
difficultés rencontrées par les alliés pour faire respecter les conditions du
traité de Versailles par l’Allemagne vaincue, le centenaire de la mort de
Napoléon devient l’occasion de glorifier une France victorieuse, héritière, en
1918, de celle de Napoléon. Les cérémonies qui se déroulent le 5 mai 1921 sont
marquées par de vibrants discours qui sont autant hommage à l’empereur qu’aux
vainqueurs de la Grande Guerre. Le ministre de la Guerre, Barthou, devant l’Arc
de Triomphe, souligne que Napoléon ne peut être le monopole d’un parti, il est
une gloire nationale et non plus une tradition politique : la République
peut donc honorer sans danger l’auteur du coup d’État de Brumaire dont l’œuvre
législative préside encore aux destinées de la France. « Professeur
d’énergie » au temps où il s’agissait de reconquérir l’Alsace et la
Lorraine, Napoléon devient l’inspirateur de la politique de fermeté face à une
Allemagne vaincue mais encore rebelle. C’est pourquoi il importe à la France de
se rassurer dans le souvenir de sa gloire par la voix du maréchal Foch auquel
il revient de prononcer le discours des Invalides. Les armées de la France,
celles de 1792-1815 comme celles de 1914-1918, y sont unies dans un même combat
pour l’indépendance de leur pays et la liberté des peuples[36]. Dans
les années 1930, André Malraux reste dans cette lignée et met en scène un héros
infatigable, grand stratège, éminent organisateur, en pleine possession de ses
moyens durant toute sa vie. Malraux est alors l'un des plus remarquables
défenseurs de la légende, utilisant la correspondance officielle pour
confectionner un personnage hors du commun qui voit tout, sait tout et contrôle
tout, surhomme déjà dépeint au XIXe siècle[37].
La culture républicaine entretient donc
au XXe siècle un rapport plus apaisé, mais très utilitariste, au
mythe et à l’héritage impériaux[38]. Le
général De Gaulle lui-même reconnaît en lui « le père de l’État français
moderne »[39]. Lors
du bicentenaire de la naissance de Napoléon, le président Pompidou fait, au
travers de Napoléon, l’éloge de l’ordre et de l’autorité de l’État en ces
lendemains de mai 68 et au moment de l’affirmation des institutions de la Ve
République[40]. Ce
qui, de la politique napoléonienne, lui paraît le plus estimable est une
politique visant à l’unification et à la réconciliation nationale[41]. Le
premier ministre Jacques Chaban-Delmas, promoteur de la « nouvelle
société », dit quant à lui, son admiration « pour la grande
entreprise de modernisation que Napoléon a conçue en son temps et qui a permis
à la France de disposer d’une organisation qui fut longtemps exemplaire »[42]. Pour
les héritiers du gaullisme, il est impossible de renier ce grand homme par
excellence, qui n’eut que la France pour réelle « passion », et qui a
conduit celle-ci à toujours répondre à « l’appel de l’honneur :
l’histoire de nos dernières années l’a démontré avec éclat, grâce une fois
encore à l’action d’un homme exceptionnel ». Les parallèles entre De
Gaulle et Napoléon ne manquent pas dans les discours d’alors : la France
n’a aucun mal à faire référence à Napoléon à l’heure où, par son Concorde, ses Mirages et son paquebot France, elle ose être fière d’elle même[43] :
Napoléon est alors honoré comme l’un des plus grands personnages de l’histoire
de France[44]. Car
l’Empire a aussi légué à la culture républicaine l’idée qu’en cas de crise il
est possible de recourir à l’homme providentiel et de lui confier un pouvoir
fort. De Gaulle l’a bien compris et c’est pourquoi il a osé fonder la Cinquième
République puis proposer le retour de l’élection du président de la République
au suffrage universel, rétablissant ainsi un lien direct entre le peuple et le
chef de l’État. Le bicentenaire de Napoléon a donc été abondamment utilisé pour
permettre aux gaullistes de justifier leurs propres conceptions de la culture
républicaine. Pour la droite gaulliste, qui n’oublie pas de renier de
l’héritage impérial ce qui est incompatible avec les valeurs républicaines
essentielles, il est primordial de chanter les louanges de cet homme d’ordre
qui reste grand par son œuvre administrative aussi bien que par la place qu’il
a faite à la France en Europe.
La suite du bicentenaire, qui n’existe que de façon
disséminée et sans commémoration officielle, a laissé revenir la figure de
Napoléon tant dans la littérature que dans les médias. Dès 1997, Patrick
Rambaud laisse resurgir la légende noire[45] :
son Napoléon n’est pas totalement français, maîtrisant mal la langue du pays
qu’il gouverne et préférant l’italien. Il est par ailleurs un personnage
toujours grossier, violent même parfois. Superstitieux, il se laisse guider par
sa confiance dans son étoile et son destin, indifférent au sort des hommes que La bataille emporte vers la souffrance
et la mort. Pourtant, c’est encore le héros romantique qui l’emporte et qui
fait notamment le succès d’une suite romanesque comme celle de Max Gallo[46], en
1997 également, finalement devenue film à grand spectacle en 2002[47]. En
1997 toujours, le journaliste Jean-Paul Kauffmann part sur les traces de
Napoléon dans La chambre noire de
Longwood, montrant qu’il est finalement impossible de dresser un portrait
exact de Napoléon, même là où il a laissé les témoignages les plus nombreux sur
son existence quotidienne et les réflexions les plus poussées sur sa vie
écoulée[48].
L’homme se dérobe sans cesse et Jean-Paul Kauffmann livre ainsi une belle mise
en garde à tous ceux qui pourraient prétendre réaliser, à l’occasion du
bicentenaire, une biographie définitive.
La Ve République s’est
refusée à célébrer un quelconque bicentenaire du Consulat et de l’Empire à
partir de 1999 : l’aversion de Jacques Chirac pour le bonapartisme y est
pour beaucoup, si bien que le gouvernement français adopte un quasi silence à
l’occasion du bicentenaire d’Austerlitz tandis que la Grande-Bretagne a célébré
Trafalgar en grandes pompes[49]. La
France du XXIe siècle commençant n’a en revanche jamais négligé de
reconnaître ce qu’elle pouvait devoir au régime impérial. Elle fait le tri,
finalement, entre ce qui est bien et ce qui est mal de l’héritage napoléonien.
Elle a donc rendu à Napoléon ce qui lui revient dans l’invention des rouages de
l’État post-révolutionnaire, dont beaucoup fonctionnent encore de nos jours. Ce
bicentenaire qui ne dit pas son nom existe donc dans la commémoration de la
création du Sénat et du Conseil d’État en 1799[50], puis
on célèbre la création de la Banque de France et du corps préfectoral en 2000,
le Concordat en 2001, la création de la Légion d’honneur en 2002, la création
du franc en 2003, pour ne citer que les plus prestigieuses institutions[51]. Mais
en 2005, alors que les débats autour du passé esclavagiste de la France font
rage et que Napoléon est sur ce point particulièrement mis sur la sellette[52], il est
devenu impossible pour la République d’assumer officiellement la part
napoléonienne du passé de la France[53] :
ni le contexte national, ni le contexte international ne sont alors propice à
un bicentenaire correctement assumé car la diplomatie française est alors
fragilisée par la crise irakienne[54].
La République voit pourtant sans cesse
ressurgir, sur la scène politique, les références à Napoléon et à l’Empire. En
publiant en 2001 son ouvrage consacré aux Cent Jours, Dominique de Villepin
contribue fortement à replacer le mythe napoléonien dans la vie politique
française : tout en saluant dans le Napoléon des Cent Jours un être
profondément humain doté de l’esprit de sacrifice, il reconnaît avoir besoin de
s’immerger dans la mémoire de l’homme qui le fascine depuis toujours pour
oublier les déceptions de la vie politique au quotidien[55]. Il
poursuit son approche en publiant en 2007 sa lecture des débuts de
l’épopée : il a besoin de renouer avec l’histoire de cette rencontre entre
un homme exceptionnel et des circonstances exceptionnelles, car nul mieux que
Napoléon n’incarne à ses yeux la lutte contre les conservatismes qui incombe au
responsable du destin d’un peuple[56].
Napoléon demeure décidément un professeur d’énergie. En 2009, le pouvoir
français est rattrapé par le bicentenaire lorsqu’il s’agit de ne pas faire
affront à la Slovénie qui souhaite commémorer la création des provinces
illyriennes. En effet, si Nicolas Sarkozy renonce à tenir sa promesse de venir
honorer Ljubljana de sa présence, il y délègue François Fillon. Celui-ci fait
alors un panégyrique de l’épopée napoléonienne, car elle a « diffusé sur
l’ensemble de notre continent les principes des Lumières et des droits de
l’homme qui fondent la devise de la République française »[57].
Surtout, c’est au travers de la figure de Nicolas Sarkozy que la référence à
Napoléon s’impose, la comparaison avec l’empereur a été fréquente dès avant
l’élection présidentielle de 2007[58].
Nicolas Sarkozy n’a-t-il pas choisi, du reste, de façon fort emblématique, de
faire retentir la musique de la marche
consulaire lorsque, lors de son investiture présidentielle, il a passé en
revue la garde républicaine[59] ?
En 2009 apparaît l’expression Napoléon Sarkozy[60], le
président devient « Nicolas Bonaparte » en Une du Point[61], qui oublie au passage de souligner que
Nicolas était le surnom donné par les royalistes à Napoléon… Quant à Laurent
Joffrin, il parle de Sarkonaparte[62]. En
2010, l’opposition dénonce les ambitions d’un « président guerrier »[63], à
propos de nouveaux projets de lois sécuritaires. Nicolas Sarkozy entend en
effet s’engager dans « une guerre nationale […] contre les
délinquants et les voyous »[64]. Le
président se penserait-il donc en chef de guerre ? Sans doute pas dans le
sens employé à propos de Napoléon, certes, mais notons qu’il fait lui-même de
précises références à l’empereur, quand il parle de l’enseignement ou de la
politique maritime[65], et que
Napoléon est entre bien des lignes signées par Nicolas Sarkozy[66]. La
« grande ombre » napoléonienne envahit donc de nouveau la République[67].
Ouvertement, des éditorialistes, tel
Alain Duhamel, établissent la comparaison entre le président de la République
et l’empereur[68], ce
qui, en réalité, n’est sans doute pas pour déplaire au premier intéressé.
Nicolas Sarkozy s’est employé à se montrer chef politique humainement
exemplaire, en homme d’action et d’énergie, en sauveur de la France, même[69]. Nul
n’a jamais pensé que Nicolas Sarkozy est un nouveau Bonaparte[70], à part
peut-être Nicolas Sarkozy lui-même. En cultivant « le mythe de l’autorité
salvatrice, de l’homme providentiel, du symbole de l’énergie et de la rupture,
du volontarisme et de l’audace »[71], il est
influencé, consciemment ou non, par cette sorte de statue du commandeur, modèle
politique qu’il peut juger indépassable.
Le mythe de Napoléon plane donc comme
une ombre tutélaire sur la vie de certains de nos hommes politiques. Patrick
Rambaud s’est plu d’ailleurs à analyser le quinquennat de Nicolas Sarkozy au
prisme du règne de Napoléon Ier[72].
L’ambiance de culte de l’autorité et de l’énergie, de célébration de l’unité de
la nation, d’ouverture et de fusion des légitimités, de boulimie activiste et
réformatrice des années Sarkozy ont fait le nouveau succès de Napoléon :
les républicains d’aujourd’hui s’arrangent tous avec la légende napoléonienne[73], moins
présente cependant sous la présidence de François Hollande, tandis que l’ancien
Premier Ministre socialiste Lionel Jospin revient, quoi qu’il en dise, à la
légende noire pour reprocher à Napoléon d’avoir figé le cours de l’histoire en
Europe. En un inutile et anhistorique jeu de « si » ‑ si la Russie
n’avait pas eu à combattre Napoléon, elle se serait libéralisée sous
l’impulsion d’Alexandre Ier, etc..‑, il commet de surcroît des
anachronismes étonnants et des erreurs dérangeantes, faute d’avoir eu recours à
une bibliographie actualisée. La légende l’emporte décidément encore sur
l’histoire[74].
La légende noire n’a du reste jamais
totalement disparu, elle a prospéré par exemple avec Roger Caratini, à la fin
des années 1990, qui se plaît à tenter de contredire ce que démontrent pourtant
les sources les plus fiables[75].
Pourtant à l’heure où disparaît le bonapartisme, Napoléon transcende les
courants politiques, comme en témoigne par exemple la fascination d’un Laurent
Joffrin[76] ou d’un
Dominique Jamet[77]. Y font
échos les multiples figures que l’on trouve régulièrement dans la littérature
populaire ‑ qui prouve que les secrets d’alcôve font toujours recette ‑[78], comme
dans des romans de plus grande ambition : ainsi Ernesto Ferrero, dans un
roman simplement intitulé N., montre
comment un Elbois, initialement fort hostile à Napoléon, est finalement séduit
par le personnage[79]. Des
œuvres de fiction sont même signées par des hommes politiques : ainsi
Valéry Giscard d’Estaing se plaît à réécrire l’histoire de la campagne de
Russie pour faire de Napoléon un chef de guerre définitivement victorieux et un
monarque vertueux capable de renoncer au trône pour se consacrer à la paix de
l’Europe et à la stabilité institutionnelle de la France[80]. Des
publications tentent de redonner vie à des faits réels : Marie Ferranti,
en mettant en scène Une haine de Corse, livre
sa propre biographie de Napoléon[81], Jean
d’Ormesson restitue une Conversation entre
Cambacérès et Napoléon pour dire sa fascination pour son génie[82], tandis
que Jean-Marie Rouart relit la biographie pour montrer un Napoléon inconnu qui,
éternel professeur d’énergie, surmonte ses échecs tout en se sentant le jouet
de forces obscures[83].
L’actuelle persistance de ce genre littéraire inauguré au milieu du XIXe
siècle en dit long sur la place de Napoléon dans l’imaginaire des Français[84], pour
qui il demeure le héros romantique par excellence. Il trouve d’ailleurs
aujourd’hui de nouveaux succès par la bande dessinée, tandis qu’il est très
largement négligé par les programmes scolaires.
Par ailleurs, Napoléon apparaît toujours sur les scènes de théâtre, mais
à côté de la très fine pièce de Jean-Claude Brisville, La dernière salve[85], de médiocres spectacles existent
aussi : dans le festival off d’Avignon la célèbre silhouette orne chaque
année, en juillet, les murs de la capitale du théâtre, pour, là encore, se
montrer dans les dédales de ses amours ou dans des parodies de mauvais goût
plus que dans des réflexions sur sa vie politique. Reste que cela aussi
témoigne de la prégnance de son mythe. Surtout Napoléon est visible sur grands
et petits écrans qui ont l’art de donner vie aux héros : il a en effet été
présent au cinéma dès les débuts du septième art, et dans tous les genres de
films, épiques, sentimentaux ou comiques[86] :
on comptait en 2003 environ sept cents œuvres cinématographiques et trois cents
réalisations télévisuelles, au cœur desquelles Albert Dieudonné a permis à Abel
Gance, en 1927, de redonner vie à un Bonaparte inoubliable et à l’issue
desquelles Philippe Torreton, avec Antoine de Caunes, a proposé en 2003 un Monsieur N. magistral. Mais d’Abel Gance
à Antoine de Caunes, on est passé de la fascination pour l’ascension du héros
romantique au besoin de réinventer l’histoire du grand homme par le biais de
ses amours : ce parcours cinématographique est révélateur des mutations de
la signification du mythe pour le grand public. Sur le petit écran, des
premiers films qui le montrent en héritier de la Révolution jusqu’à la médiocre
et coûteuse saga de France 2 diffusée en 2002, où Napoléon est si bien
démystifié qu’il en est totalement faux, sa persistante présence prouve combien
il est le seul des personnages historiques antérieurs au XXe siècle
à demeurer dans le Panthéon imaginaire des Français[87].
Napoléon continue d’incarner un héros aux multiples facettes, génie de son
siècle, romantique par excellence, aventurier et chef hors pair capable de
s’élever au dessus de sa condition. Quant aux feuilletons où il n’est pas en
scène mais où il demeure omniprésent, tels Schulmeister,
espion de l’empereur ou Ardéchois,
cœur fidèle, ils révèlent combien, dans les années 1970, c’est le Napoléon
héritier de la Révolution qui l’emporte.
La persistance du mythe napoléonien est aussi
visible dans les reconstitutions des batailles et de la geste napoléonienne. Le
recours aux figurines de plomb a rapidement montré ses limites : dès le
XIXe siècle, d’anciens acteurs de l’épopée ont revêtu leurs anciens
uniformes aux dates anniversaires des grandes batailles, parfois sur les lieux
mêmes de leurs exploits. Waterloo en la matière a été précocement privilégié[88], mais
chaque lieu de mémoire de l’épopée, Austerlitz et Borodino notamment, est
aujourd’hui marqué par ces reconstitutions qui rassemblent plusieurs
centaines de personnes, françaises, allemandes, polonaises, russes, etc, qui
vivent au bivouac, mangent à la façon des soldats de l’Empire et portent des
uniformes soigneusement refaits. Chaque année, le débarquement de 1815 à Golfe
Juan est aussi le lieu de reconstitutions costumées. À Iéna, 1 500
figurants commémorent la bataille chaque année ; depuis 2007, des
associations russes reconstituent la bataille de la Bérézina ; en 2010, 2 600
reconstituants ont été réunis à Waterloo[89],
7 000 personnes y sont attendues en 2015 pour rejouer la bataille 200 ans
après. Mais ces reconstitutions grandeur nature sont aujourd’hui concurrencées
par le succès des jeux vidéo ou wargames qui
font appel aux qualités de stratège de leurs nombreux adeptes[90]. Le Monde se demande finalement, au vu
des succès des sociétés napoléoniennes, des reconstitutions de batailles et des
ventes d’objets napoléoniens et en observant combien il fascine hommes
politiques et écrivains, si Napoléon n’est pas redevenu aujourd’hui le superman
français[91]. À
cette forte présence de la figure napoléonienne dans la culture française et
européenne, répond une précoce floraison de biographies dans l’historiographie
traditionnelle.
2) Le mouvement biographique perpétuel
L’abondante production
biographique suscitée par la figure de Napoléon a ciselé un portrait changeant
au gré des courants politiques dominants. L’image qui s’impose aujourd’hui
encore est largement déterminée par tous les clichés véhiculés dès la première
moitié du XIXe siècle, où, d’emblée, la biographie de Napoléon
devient un genre historique fort prisé. En fait, l’empereur capte tous les
regards et écrire l’histoire de son règne revient généralement à écrire sa
biographie. Au lendemain de sa mort, ce ne sont toutefois que des auteurs
anonymes qui s’y risquent, pour, proclame-t-on, « lui rendre
justice » [92]. Mais
dès 1822 paraît une biographie remarquée, signée par Antoine-Vincent Arnault.
Il répond ainsi au souhait exprimé par l’empereur, dans son testament, de voir
ce membre de l’Institut, chevalier de l’Empire, rédiger son histoire. Il y a
donc là commande officielle post mortem
qui s’ouvre néanmoins sur une profession de foi en la nécessité d’une histoire
impartiale : « Napoléon n'est plus. Le temps où l'on peut écrire son
histoire est arrivé »[93]. C’est
désormais par cette même invocation de l’impartialité que débute toute histoire
de Napoléon : ainsi Touchard-Lafosse et Saint-Amant, en 1825, rappellent
dès leur première page que « le principal devoir de l’historien est de
retracer les événements sans partialité »[94]. Ils ne
s’engagent pas moins, ensuite, dans un long dithyrambe. En 1825 également,
Léonard Gallois, bonapartiste convaincu, ancien officier de la Grande Armée,
publie une Histoire de Napoléon d’après
lui-même, compilation des mémorialistes de Sainte-Hélène qui reprend tous
les faits ponctuant la geste légendaire de Napoléon[95].
En fait les années 1820 sont le temps d’élaboration de la matrice des
biographies du XIXe siècle, faite d’un retour au récit conventionnel
de l’enfance et de l’adolescence, occasion de souligner le génie précoce de
Bonaparte. Une longue description des batailles occupe ensuite l’essentiel de
chacune des publications. Quant aux conclusions, elles sont toutes en forme de
réhabilitation. Il n’est donc pas question de monstre, comme dans la légende
noire, mais pas non plus de demi-dieu : on met en scène simplement un
héros qui, parce qu’il était homme, mérite le pardon, un pardon que la France a
grand intérêt à accorder puisqu’elle peut ainsi librement recueillir la gloire
des années impériales, ce qui conduit à retrouver les accents de la propagande
initiale. Nombreuses sont en fait, à la fin de la Restauration, les pages
d’histoire publiées par des historiens non professionnels qui retombent
finalement dans une apologie systématique : en témoigne tout
particulièrement la Vie politique et
militaire de Napoléon racontée par lui-même, où le baron de Jomini, qui
avait pourtant fait une partie de sa carrière au service de la Russie, laisse
Napoléon parler à la première personne en un long plaidoyer[96]. En
1827 paraît l’œuvre de Norvins qui affirme sa volonté « d’opposer la
vérité à la passion », il n’en
livre pas moins quatre volumes essentiellement hagiographiques[97].
Beaucoup plus novatrice est l’œuvre d’Antoine-Clair Thibaudeau, acteur,
cependant, de l’histoire qu’il écrit, puisqu’il a été préfet de 1803 à 1814 puis
pair de France durant les Cent Jours.
Pour lui, l’histoire de l’Empire ne peut se réduire au récit des
batailles[98].
Sous la Monarchie de Juillet, les
biographies de vulgarisation destinées à un public peu fortuné ou à des enfants
se multiplient. Napoléon y est tour à tour le défenseur de la liberté[99] et le
missionnaire armé de la Révolution française[100], le
guerrier invincible offrant à la France une gloire inoubliable[101],
l’homme de génie et le législateur soucieux du bien-être du peuple[102], et la
célèbre silhouette au petit chapeau et à la redingote grise n’est pas oubliée
quand il s’agit, particulièrement, de s’adresser aux plus jeunes des lecteurs[103]. C’est
au total un Napoléon proche du peuple qui prédomine dans cette littérature de
vulgarisation qui s’impose durant le règne de Louis-Philippe. Parallèlement de
nouvelles biographies s’emploient tout de même à enrichir la connaissance du
règne : l’œuvre de Bignon, achevée par Ernouf, marque les années
orléanistes et consacre le portrait romantique d’un Napoléon débordant
d’énergie au service de la France et même de l’Europe[104].
Tissot, en 1833, annonce un travail rigoureux, fondé sur la lecture de
nombreuses sources[105]. Mais
ses « observations sur Napoléon » font d’emblée de l’empereur
« un homme à part », l’impartialité toujours revendiquée semble une
fois de plus un vœu pieux. En 1833 toujours, Louis Ardant se heurte au même
écueil, après avoir lui aussi proclamé une nécessaire distance à son objet
d’étude, il souligne que « Napoléon remplit le monde de son nom et couvrit
les armes françaises d'une gloire impérissable. Grand capitaine, adroit
politique, profond législateur, il surpassa les plus hautes célébrités de
l'histoire »[106].
Les lendemains du retour des cendres
sont marqués par la parution d’ouvrages plus polémiques qu’historiques. En 1845
Achille Henri prend en compte l’histoire politique et non plus militaire de
l’Empire pour dresser son réquisitoire. Il condamne le despotisme de Napoléon,
exprimé, argumente-t-il, jusque dans l’institution des préfets, ce qui ne
l’empêche pas de proposer ensuite un portrait moral conforme à l’épure,
montrant Napoléon doué d’un tempérament et d’un génie extraordinaires[107]. Mais
l’œuvre majeure de la Monarchie de Juillet et même du XIXe siècle
est l’Histoire du Consulat et de l’Empire
de Thiers, dont la publication commence en 1845[108].
L’ambition est bien plus large que celle d’une biographie, ce qui n’empêche pas
l’ancien ministre de Louis-Philippe de livrer de longs éléments pour un
portrait qui trahit son admiration, particulièrement quand il évoque le jeune
général de la première campagne d’Italie : « Il imprima tout à coup
aux événements un mouvement extraordinaire. [Il était] un jeune homme
extraordinaire apparaissant comme un météore sur cet horizon troublé et sanglant
[…] »[109].
Thiers écrit une histoire qui est dominée par l’impact de l’action individuelle
et participe de ce fait lui aussi à la construction du mythe du héros[110].
Sous le Second Empire, le genre
biographique s’enferme essentiellement dans une inlassable reprise des ouvrages
des années 1820 et 1830. Ainsi, en 1853, une Histoire populaire de Napoléon Ier est fondée pour
l’essentiel sur de larges extraits de l’ouvrage de Norvins[111].
Michelet, Edgar Quinet, Jules Barni ou Louis Blanc écrivent en opposants, soit
en glorifiant l’oncle pour mieux dénoncer le neveu, soit en englobant Napoléon
III dans l’opprobre jeté sur Napoléon Ier. La seule œuvre marquante
est celle du baron d’Empire Martin de Gray. Tout en reconnaissant en Napoléon
« un homme chez qui tout fut extraordinaire »[112] et un
génie sans pareil[113], tout
en le présentant à son tour comme celui qui a permis à la France d’échapper à
l’anarchie[114],
l’auteur souligne que Napoléon tombe victime de son ambition, de sa volonté de
« détruire les indestructibles principes de 1789 » : il
« s’aliéna la Grande Nation par son despotisme et ses interminables
guerres »[115]. Avec
le Second Empire, la biographie de Napoléon est plus que jamais prétexte à
prise de position politique, mais elle rencontre moins de succès : le
nombre des titres baisse après 1860. Tandis que les condamnations viennent même
de la noblesse impériale, les louanges arrivent à l’inverse de l’étranger,
après 1870.
L’œuvre de l’Anglais Seeley paraît en 1886 : admirateur de
l’œuvre politique de Napoléon, il ne se laisse pas pour autant fasciner par une
personnalité qu’il ne présente plus, comme nombre de ses prédécesseurs, d’une
nature surhumaine. Il affirme bien au contraire que le miracle de l’élévation
de Bonaparte au pouvoir s’explique par son époque bien plus que par sa
personnalité[116]. Cette
nouvelle attitude historiographique est également le fait, en 1886-1889, de
l’Autrichien Fournier. Admirant cet « esprit vigoureux » et ce
« talent si riche »[117], il
montre que l’ambition personnelle n’explique pas seule la volonté de Napoléon
d’établir la monarchie universelle : celle-ci était en germe, selon lui,
dans les projets révolutionnaires. Cette réhabilitation postérieure au Second
Empire gagne la France en 1889, avec l’œuvre de vulgarisation d’Antoine
Guillois, au moment où, de 1880 à 1895, on note une modeste remontée du nombre
des biographies. Il renoue avec une démarche traditionnelle, fondée sur un
portrait intimiste de l’empereur destiné à prendre le contre-pied des critiques
les plus sévères. Napoléon est ici montré comme un être profondément humain et
doué de toutes les qualités morales[118].
Guillois laisse également deviner son admiration pour le génie de l’empereur
sans, cependant, tomber dans l’apologie systématique, prouvant par là-même que
les passions les plus vives s’apaisent alors. Guillois orchestre ainsi une
réhabilitation fondée sur la mention de qualités masquées par la mythologie
mais aussi sur la prise en compte des circonstances historiques. Du Napoléon
humain, Arthur Lévy passe, en 1893, au Napoléon intime[119] qui
intéresse alors nombre d’historiens, en tête desquels figure Frédéric Masson.
Bonapartiste convaincu, il publie Napoléon
et les femmes en 1893, Napoléon chez
lui en 1894 et Napoléon inconnu
en 1895[120]. Plus
la tension diplomatique internationale est montée, plus Napoléon a recouvré une
dimension d’exception faisant cependant figure d’inventeur d’une Europe qui
aurait dû apporter la paix.
Dans l’entre deux guerres, le centenaire de la mort de
l’empereur est marqué par de nouvelles biographies apologétiques. La plus
marquante est celle de Gérard Lacour-Gayet, parue en 1921, que le maréchal
Joffre qualifie de « monument historique » à la gloire de Napoléon[121].
L’auteur revient aux poncifs pour décrire l’enfance d’un héros solitaire au
génie précoce, puis les actions d’éclat d’un brillant général,
« merveilleux manieur d’âme », suscitant « l’exaltation des
esprits »[122].
Pourtant, à côté de ces pages classiques héritées des années romantiques,
l’auteur laisse poindre des critiques, dénonçant une politique qui, à partir de
l’Empire, est dictée par un égoïsme monstrueux[123]. Le
centenaire s’achève donc avec une discrète invitation à des appréciations plus
nuancées alors que les Annales de
Marc Bloch et de Lucien Febvre rejettent la tyrannie du biographique, de
l’événementiel et du politique. Pourtant l’histoire de Napoléon demeure pour sa
part dominée par l’intérêt pour sa personnalité et pour les détails de son
existence quotidienne.
L’audience de l’entre-deux-guerres va essentiellement à des
œuvres biographiques où littérateurs et historiens livrent tout à tour leur
propre vision de la personnalité de Napoléon. En 1925, l’Allemand Emil Ludwig
publie une œuvre à la tonalité dramatique, où Napoléon est un formidable
aventurier triomphant de ses origines obscures et de son enfance pauvre et
solitaire grâce à une activité prodigieuse[124]. Il
glorifie Napoléon en l’érigeant en champion du pacifisme, pourtant tragiquement
victime de sa propre ambition. Ludwig invite donc à rêver devant cette
ascension fabuleuse, mais il montre aussi que cette destinée est une invitation
à se méfier de toute ambition démesurée. Dans une Europe impuissante à trouver
un équilibre durable, les biographes de l’empereur cherchent inlassablement
dans son histoire individuelle des leçons pour le présent. Compatriote de
Ludwig, Friedrich Max Kircheisen trouve lui aussi dans l’histoire de Napoléon
des espoirs pour l’Europe, car il a su secouer « la vieille Europe
endormie et lui a préparé les voies à une entente des peuples »[125]. Le
camp des pacifistes allemands s’emploie décidément à puiser dans l’œuvre de
Napoléon des raisons d’espérer en une Europe nouvelle où il y aurait place pour
chaque nationalité.
Telle n’est pas cependant, en 1928,
la démarche d’Édouard Driault : conscient qu’il n’est possible d’atteindre
la vérité d’une existence qu’en la replaçant dans son contexte historique, il
fait de Napoléon l’homme de la Révolution et « l’empereur des peuples »
au destin tracé dès son enfance, œuvrant toujours pour la grandeur de la France
et le triomphe des idées nouvelles[126].
Driault justifie de ce fait la transformation de la vie de Napoléon en une
épopée qui fait encore rêver les populations du XXe siècle. L’entre-deux-guerres
révèle donc une nette différence entre l’approche des biographes français,
encore peu enclins à se départir de la mythologie nationale, et celle des
écrivains étrangers, hagiographes également, mais plus soucieux de donner une
analyse psychologique du personnage. Après Ludwig et Kircheisen, Dmitry
Merejkovsky, écrivain russe appartenant au courant symboliste, en offre un
nouveau témoignage dans les années 1930. Par l’élégance et la vigueur de son
style, il renouvelle le portrait de celui qui reste malgré tout, sous sa plume,
un héros prédestiné, semblable aux hommes de Plutarque. Toute l’existence de
Napoléon semble minutieusement orchestrée par un dieu soucieux d’inscrire dans
l’histoire de l’humanité un héros fabuleux entraîné, comme Œdipe, par son
destin, puni finalement par une douloureuse déchéance pour avoir négligé sa
mère, la Révolution[127]. À
l’étranger comme en France, donc, les auteurs continuent de puiser leur
inspiration dans la matrice du romantisme. En 1931, l’historien français
Jacques Bainville, proche de l’Action française, ne fait pas exception. Pour
lui, Napoléon a été un romantique avant que le nom et la chose aient été
inventés. Émerveillé par ses facultés intellectuelles et sa puissance d’action,
il en fait à son tour un homme dont la vie est déterminée par la fatalité[128]. Tout
en dénonçant son despotisme, il admire ce qu’il nomme son génie : ainsi
même les biographies des détracteurs véhiculent des éléments d’hagiographie, il
semble impossible d’écrire la biographie de Napoléon de façon distanciée.
C’est pourtant ce que tente Louis Madelin, dont l’ambition
est de renouveler l’œuvre de Thiers. Mais le court volume intitulé simplement Napoléon, longue préface de 1935 aux
seize tomes de son Histoire du Consulat
et de l’Empire, révèle que pour lui aussi la distance est impossible à
trouver. Il insiste d’emblée sur la grandeur de Napoléon, qui a eu l’art de
faire passer ses rêves dans le domaine du réel, à force d’une volonté et d’une
intelligence égales à son imagination sans bornes. Génie ordonnateur et
constructeur, épris d’ordre et d’autorité, il conçoit le pouvoir comme un moyen
d’exercer une constante action sur les choses comme sur les hommes[129] :
imprégné de la lecture des œuvres de ses devanciers, Madelin restitue de Napoléon
l’image désormais classique du héros de Plutarque et du poète de l’action[130]. Même
la Russie soviétique laisse libre cours à une historiographie dans laquelle
perce l’admiration. Ainsi Eugène Tarlé présente Napoléon, dès la première page
de son livre, édité dans son pays en 1936, comme « l’un des phénomènes les
plus extraordinaires de l’histoire mondiale »[131], quand
bien même il lui reproche la liquidation de la Révolution, la réaction
politique et la défense de la grande bourgeoisie. Adoptant une attitude
rationnelle, condamnant les précédents biographes qui ont attribué à Napoléon
de surnaturelles qualités de sagesse, des dons de prophétie et une confiance
inspirée en son étoile, il en fait un homme de son temps, pétri des idées de la
Révolution, et dont l’ascension tient à sa grande puissance de travail et à son
génie d’organisateur[132].
C’est également en 1936 que Napoléon est l’objet de la
magistrale biographie de Georges Lefebvre, universitaire dont la sensibilité
est à l’opposé de celle des académiciens largement influencés par la légende.
Habilement, cet historien de la Révolution renvoie dos à dos tous les
biographes qui prétendent donner une version définitive du portrait de l’homme
qui les fascine : « on ne peut tracer de lui un portrait, car son image
évolue singulièrement, de l’officier studieux et rêveur de Valence ou
d’Auxonne, […] à l’empereur des dernières années, enivré de sa toute-puissance
et infatué de son omniscience. […] Sous l’habit du soldat, il y avait
plusieurs hommes, et son attrait fascinant vient de cette diversité autant que
de la variété et de l’éclat de ses dons »[133] . Si
Lefebvre s’insurge contre toutes les images erronées de la légende, il
reconnaît que le destin de Napoléon est tel que les hommes, toujours hantés par
les rêves romantiques, seront toujours nombreux à s’exalter devant son tombeau.
Cette biographie de nouvelle facture est la première à parvenir à une réelle
distance critique, et livre de la personnalité de Napoléon une analyse des plus
pertinentes. Elle n’en met pas moins l’accent sur l’importance du tempérament
de Napoléon qui, animé d’une ambition immense, dérive vers le despotisme.
Ce qui ne dissuade pas pour autant
les hagiographes : Octave Aubry s’inscrit au même moment dans la tradition
de l’histoire anecdotique et de l’admiration inconditionnelle [134]. Il
s’attache également à mettre en scène un Napoléon humain, dont les goûts privés
et les plaisirs sont empreints de simplicité. En cette année de grandes
conquêtes sociales qui effraient la droite conservatrice, ce n’est peut-être
pas sans arrières-pensées que les hagiographes font de Napoléon l’incarnation
des valeurs familiales et bourgeoises. Et c’est cette historiographie encore
très partisane qui s’impose durant la seconde guerre mondiale où les rares publications
puisent dans le portrait de Napoléon le souvenir d’une France puissante. Ainsi
Jean Lucas-Dubreton salue en lui un héros « prodigieux, dont la vie
compose le plus étonnant des romans », mais aussi un homme d’État qui
« à travers les constitutions qui passent, les victoires, les défaites,
[…] reste perpétuellement actuel ; […] que nous le voulions ou non, nous
sommes imprégnés de l’esprit napoléonien » [135].
Insistant tout au long de son ouvrage sur la volonté de paix de Napoléon,
Lucas-Dubreton fait de celui-ci un modèle implicitement opposé à Hitler. La
France cherche une fois encore en Napoléon son « professeur
d’énergie ». Est-ce pour cette raison que la collection « Que
sais-je ? » lui consacre un volume en 1943 ? Toujours est-il que
l’ouvrage que signe alors Henri Calvet met lui aussi l’accent sur le héros de
génie qui a sauvé la France[136], tout
en ne se laissant pas aller à une admiration sans borne : il dénonce le
risque d’aduler les despotes se présentant comme des sauveurs de la nation.
Napoléon n’est plus ici un contre-modèle de Hitler mais offre une page
d’histoire dans laquelle le peuple allemand aurait pu lire une utile leçon[137]. Mais
il est vrai que les biographies allemandes, on l’a vu, n’ont pas été, dans
l’entre-deux-guerres, plus critiques que celles de la Grande-Bretagne, de la
France ou de la Russie… Si bien que l’enfermement dans un discours stéréotypé
s’accentue après le conflit.
Jusqu’au bicentenaire qui s’ouvre en 1969, les approches
biographiques continuent en effet de relever de l’anecdote, soit pour mieux
encenser Napoléon, soit pour mieux le rejeter. Ainsi, en 1951, Jules Bertaud
justifie trois cent pages d’une histoire totalement anecdotique en s’abritant
derrière les mots d’Ernest d’Hauterive pour qui « l’homme est si formidable
qu’il grandit tout ce qu’il touche »[138]. Georges
Lenôtre, en 1962, le présente aux jeunes lecteurs sous les traits du Napoléon
populaire de Béranger[139]. En
revanche Henri Guillemin s’insurge alors contre une éducation fondée sur les
grands auteurs du XIXe siècle qui élève insidieusement les jeunes
Français dans le culte de Napoléon auquel il reproche de n’avoir été animé que
par l’ambition d’accumuler du pouvoir et de l’or[140]. Seul
André Castelot tente de se démarquer : il persiste certes dans une
histoire événementielle qui apprécie avant tout de mettre en scène Napoléon
dans son quotidien et même dans ses amours, mais les deux ouvrages qu’il publie
en 1967 et 1968 ne contiennent pas que cela et affichent au moins le souci de
puiser leur matière à des sources premières et parfois même encore inexplorées[141].
Il faut une fois de plus aller à l’étranger pour trouver,
durant les années 1945-1969, une approche biographique stimulante. Émile Tersen
a publié, en 1959, un Napoléon qui souligne le rôle essentiel de la Révolution dans
l’émergence d’un tel personnage[142].
Tersen reconnaît volontiers que réduire l’action de Napoléon à celle d’un homme
ordinaire serait une erreur, mais c’en est une également de faire graviter le
mouvement du monde de 1799 à 1815 autour « d’un superman »[143]. C’est
pourquoi il prône une analyse dégagée de toute admiration et de toute
hostilité : « il faut essayer de retrouver derrière l’homme
supérieur, l’homme tout court »[144]. Son
ouvrage est par conséquent fondé sur la prise en compte de la vie des
populations et ne se préoccupe nullement des anecdotes du règne. Il conduit à
un bilan où le passif et l’actif sont mesurés à l’échelle de la vie économique,
sociale et culturelle, ce qui permet de voir malgré tout en Napoléon un facteur
décisif du progrès[145].
Convaincu lui aussi de la nécessité de comprendre Napoléon en le réinsérant
dans le contexte historique qui a forgé sa personnalité, l’historien soviétique
Albert Manfred reconnaît à son tour, en 1971, l’appartenance de Bonaparte à un
univers intellectuel le conduisant à épouser les idées de la Révolution puis à
devenir un empereur au service de la bourgeoisie[146], thèse
que l’on retrouve dans l’œuvre d’Albert Soboul qui souligne que la nécessité de
la lutte des classes conduisait à cette issue de la Révolution.
En France, la biographie marquante de la première phase du
bicentenaire est le volume que Jean Tulard signe chez Fayard en 1977. Faisant
une habile et critique synthèse de ses devanciers, Jean Tulard confirme le
bien-fondé d’une analyse nuancée face à cette personnalité aux multiples
facettes. Fort de son excellente connaissance de la période, il démontre que
Napoléon a incarné pour la bourgeoisie le mythe du sauveur et insiste lui aussi
sur la rencontre entre un individu et un bouleversement politique[147]. Il
faut chercher en dehors des ouvrages biographiques d’autres approches
éclairantes, comme celle de Louis Bergeron dans son Épisode napoléonien qui, à côté du Napoléon de Jean Tulard
établissant une dictature de salut public propose un Napoléon s’arrogeant un
pouvoir personnel plébiscitaire. Tous deux cependant insistent également sur la
dimension de despotisme éclairé qui caractérise son règne.
C’est avec la seconde phase du bicentenaire, à compter de
1999, que paraissent des approches biographiques qui viennent concurrencer le
livre majeur de Jean Tulard. La plus originale est celle d’Antoine Casanova qui
interroge les paroles de l’empereur tout à la fois en historien, en philosophe
et en ethnopsychologue pour restituer la vision du monde de Napoléon et
reconstruire son histoire intellectuelle[148]. Luigi
Mascilli Migliorini, pour sa part, ambitionne une analyse européenne et
culturelle, en 2001, pour montrer à quel point Napoléon a incarné les idéaux de
son temps[149]. C’est
plus spécifiquement au prisme de l’histoire politique que Steven Englund a
voulu analyser la vie de Napoléon : il donne du reste pour sous-titre à
son œuvre, parue en 2004, A political
life et met l’accent sur les mutations des opinions politiques de son
personnage qu’il présente avant tout comme « un homme politique
européen » qui, par respect pour LE politique, a tenté de mettre fin à LA
politique, et comme un personnage inachevé, à la façon d’Hamlet[150]. En
2011, la biographie signée par Alan Forrest insiste sur le fait que l’Empire
napoléonien est le fruit d’une convergence d’ambitions et une œuvre collective,
un système de gouvernement à la fois civil et militaire[151]. Enfin,
en 2013, Patrice Gueniffey publie la première partie d’une abondante biographie
qui vise à comprendre comment Napoléon est devenu Napoléon, ne dissimulant
aucun des points d’interrogation qui subsiste, faisant état de façon assez
systématique des différentes lectures des mémorialistes et des historiens[152]. N’est-on
pas ici proche de la biographie définitive ? La loi même du genre
biographique ne l’interdit-elle pas ? Ne serait-ce que parce qu’il est
aisé, dans ces récentes biographies, y compris dans celle que le lecteur a
actuellement entre les mains, de dénoncer des lacunes bibliographiques
importantes. Patrice Gueniffey lui-même montre comment l’homme échappe sans
cesse à son historien, tant il y a de témoignages qui parfois discordent, ainsi
que l’a également montré Michel Covin[153]. En
1969, alors que le bicentenaire de la naissance de Napoléon bat son plein,
Jacques Godechot remarque encore que « dans [s]a carrière prodigieuse […],
sous ses activités multiples, il est difficile de retrouver l'homme »[154]. En
1987, l’historien Roger Dufraisse fait un constat peu différent, indiquant que
l’histoire de Napoléon « ne sera jamais achevée, ni jamais totalement
écrite »[155].
L’abondance des sources disponibles y contribue.
3) Les sources d’une histoire renouvelée
Au
début du XXe siècle, Alphonse Aulard dirige les premières thèses par
lesquelles l’histoire de Napoléon cesse d’être événementielle : celle de
Pierre Conard, en 1910, s’intitule Napoléon
et la Catalogne et Jacques Rambaud, en 1911, étudie Naples sous Joseph
Bonaparte[156]. La
révolution historiographique opérée par Lucien Febvre intitulant modestement sa
thèse Philippe II et la Franche-Comté
en 1912 pour présenter une vaste étude d’histoire politique, religieuse et
sociale touche donc aussi l’histoire napoléonienne. Il est vrai que le temps
est venu de mettre à profit les sources de plus en plus nombreuses que les
dépôts d’archives inventorient et mettent à la disposition des historiens.
Reste que les biographes de Napoléon n’ont pas attendu l’avènement de
l’histoire positiviste puis les recommandations de l’école des Annales pour fonder leurs approches sur
des sources de plus en plus nombreuses. Si les biographies des premiers temps
ne font guère que reprendre les récits publiés dans les journaux contrôlés par
Napoléon lui-même ou les versions diffusées par ses détracteurs, celles des
années 1820 attestent de premiers progrès.
Les préoccupations scientifiques
sont en effet apparues dès le premier XIXe siècle. En 1827,
Thibaudeau prend la peine d’exposer, dans sa préface, ses méthodes de travail
et de présenter ses sources constituées non seulement par ses propres souvenirs
mais aussi par les témoignages rapportés de Sainte-Hélène et par des pièces
authentiques et des mémoires publiés. Bignon fait de même : des
correspondances inédites lui ont été confiées, les archives du ministère des
Affaires étrangères lui ont également été ouvertes[157]. Il
inaugure du reste, dans l’historiographie napoléonienne, la pratique de notes
infrapaginales rigoureuses. Tissot, en 1833, a recours à des papiers d’États et
à des documents officiels, mais aussi à des mémoires et des notes secrètes des
contemporains. Thiers a pu aller plus loin encore : il a pris la peine
d’interroger des témoins de première importance, Molé, Soult, Mortier,
Sébastiani, Reille, Molitor, Marbot ou encore Méneval, Bugeaud et Gaudin. Il a
par ailleurs confronté ces sources orales avec les Archives de l’État qu’il a
pu consulter : il a en effet eu accès à la correspondance de Napoléon mais
aussi aux lettres de ses généraux, de ses ministres et de ses agents de police.
Enfin, des mémoires manuscrits conservés dans les familles lui ont été confiés.
Le XIXe siècle est
jalonné par d’importantes publications de sources : aux successives vagues
des parutions des mémoires des contemporains[158]
s’ajoute, sous le Second Empire, la publication officielle de la correspondance
de Napoléon. Elle est réalisée sur l’ordre de Napoléon III, sous l’égide, dans
un premier temps d’une commission présidée par le maréchal Vaillant qui se met
au travail en 1854. Mais elle suscite les protestations des bonapartistes, qui
estiment que cette œuvre doit être tout entière à la gloire de Napoléon et
qu’il convient de sélectionner soigneusement les documents mis à la disposition
du public. En 1864, le travail se poursuit donc sous l’égide, cette fois, du
prince Napoléon-Jérôme, et s’achève en 1869. Ont été réunis des documents en
provenance non seulement des fonds publics français – archives nationales
et départementales, archives du ministère des Affaires étrangères,
archives de ce qui est aujourd’hui le
service historique de la défense ‑ mais aussi des fonds privés, mais encore de
toutes les cours européennes. Trente-deux volumes sont publiés à partir de
1858, qui comprennent plus de 22 000 documents auxquels s’ajoutent, dans les quatre
derniers volumes, les dictées de Sainte-Hélène. Mais les lacunes sont telles –
on a entre autres soigneusement mis à l’écart toutes les lettres faisant état
des conflits familiaux – que dès
1869 des publications complémentaires sont livrées par des érudits. Sont ainsi
éditées, entre 1870 et 1939, 35 000 nouvelles lettres. Après 1945, des
sources en provenance de fonds privées sont encore l’objet de plusieurs
recueils[159]. La
nouvelle édition, à laquelle procède actuellement la Fondation Napoléon, livre encore
bien des inédits : elle rassemblera plus de 41 000 lettres, dont près de
30 % sont inédites.
On comprend ainsi que l’approche
biographique de Napoléon a pu être sans cesse renouvelée, d’autant que ses
écrits de jeunesse ont également fait l’objet de la publication de Frédéric
Masson et Guido Biagi[160], après
avoir été évoqués par Arthur Chuquet, en
1897-1899[161]. Ils
sont utilisés véritablement pour la première fois par Albert Manfred et ont
permis récemment les travaux majeurs d’Antoine Casanova. Plus largement,
l’arrivée aux archives nationales des papiers du roi Joseph en 1977, puis des
archives Napoléon, acquises en 1979 du prince Napoléon, arrière-petit-fils du
roi Jérôme, a été déterminante. Elles sont venues compléter les achats ou les
dépôts de fonds des grands dignitaires de l’Empire, eux aussi précieux[162]. Elles sont enrichies aujourd’hui
par les recherches menées dans les archives de Corse du Sud qui recèlent nombre
de pièces propres à éclairer l’histoire de la famille Bonaparte en ses
origines.
Riches
d’une telle documentation, les historiens de Napoléon ont, pour écrire sa
biographie, précocement mis l’accent sur l’histoire de ses campagnes
militaires, mais aussi sur celle de sa diplomatie. Pour le reste, Napoléon a si
longtemps capté tous les regards que son histoire s’est trop longtemps enfermée
dans une approche très événementielle : en 1948, Louis Madelin a
fort bien résumé ce problème en remarquant que « longtemps encore, la
Nation paraîtra aux historiens de l'Empire enveloppée d'une sorte de
pénombre ; on dirait, à les lire, que la vie du pays tout entier a tenu
dans celle de son chef et, quinze ans, s'y est absorbée »[163]. Est-il en effet pertinent, lorsqu’il s’agit de
retracer la vie d’un homme qui a contrôlé le sort de l’Europe durant plusieurs
années, de s’enfermer dans une biographie faite du seul récit du cours
de son existence ? N’est-il pas essentiel de l’enrichir par la
connaissance de la vie des Français et des Européens qui ont été ses
contemporains et qui ont été, de près ou de loin, concernés par les
conséquences de ses décisions politiques, économiques, sociales ou
militaires ?
Avancer dans la connaissance de Napoléon passe donc par le
renouvellement de l’histoire de l’Empire. Elle est rendue possible par les archives des ministères et les
archives des préfectures, dans lesquelles s'inscrit l'histoire quotidienne de
la gestion de la France napoléonienne. Mais puisque la France a compté jusqu’à
134 départements en 1812, les sources sont disponibles aussi pour une nouvelle
histoire de l’Europe. Les archives de la Secrétairerie d'État impériale de
Napoléon Ier, et celles de la Maison de l'Empereur sont
également très riches. En fait, l’histoire des archives modernes des archives
nationales, départementales et communales commence véritablement avec le
Consulat et l’Empire pour lesquels les séries sont souvent particulièrement
abondantes. De même, les archives de la Défense ou des Affaires étrangères sont
également précieuses. En fait Napoléon a établi en France une activité
administrative telle que les historiens sont confrontés à un océan
archivistique qui n’a pas encore livré tous ses secrets.
Il n’en a pas moins permis une
historiographie fortement renouvelée durant ces dernières années[164]. Aux
années 1980 et 1990 où l’histoire sociale a conduit à mieux comprendre les
effets de la politique de Napoléon en matière de contrôle des élites[165], a
succédé un temps de relecture de son œuvre administrative[166] et du
fonctionnement de la machine centralisatrice[167]. Même
l’histoire économique bénéficie de nouvelles approches[168]. Le
renouvellement de l’histoire politique touche également l’histoire de la
période : après les travaux majeurs sur les élections[169], sur
le plébiscite de 1815[170], sur
le mouvement des fédérés[171] et sur
la naissance du bonapartisme[172], on
relit aujourd’hui le coup d’État de Brumaire[173] ou la
tentative du général Malet[174], on
analyse également le rapport des Français à l’Empire[175].
L’histoire du Premier Empire bénéficie aussi de l’essor actuel de l’histoire de
la religion[176] et de
la culture[177]. Elle
est plus encore marquée par une histoire militaire qui a cessé d’être
événementielle pour s’intéresser à la vie des hommes en guerre[178].
Enfin, elle est également concernée par le récent développement des colonial studies[179].
Autant d’avancées qui permettent une nouvelle biographie de Napoléon, car elle
montrent le rôle de sa cour et de ses collaborateurs, elles révèlent l’univers
politique dans lequel il évoluait, composé d’adulateurs et d’opposants résolus.
Elles précisent sa politique de propagande par la presse, la littérature, les
arts et l’enseignement, elles éclairent les liens entre religion et politique.
Son univers guerrier est désormais mieux connu. Son attitude à l’égard des
minorités, esclaves des colonies ou Juifs d’Europe, souligne à quel point il
peut à la fois être homme de la tradition et homme de la modernité. Au final,
les récentes synthèses de l’histoire de l’Empire[180] sont
sans doute l’apport le plus utile et le plus intelligent à la biographie de
Napoléon.
***
Mais en dépit des avancées
historiographiques récentes, qui sont majeures, Napoléon demeure un inépuisable
réservoir de mythologies et de légendes. Il faut certes continuer de mettre à
profit les sources nombreuses pour mieux comprendre ce qu’a été l’impact du
règne de Napoléon dans l’histoire de l’Europe. Mais les chercheurs doivent
aussi prendre la peine d’étudier les publics des musées, les participants des
reconstitutions de bataille, les acteurs des wargames et, bientôt peut-être, les visiteurs du parc Napoléon
pour dire ce qu’est aujourd’hui la place de Napoléon dans la mémoire de
l’Europe et du monde d’aujourd’hui. Car l’engouement pour l’empereur touche
aussi les Amériques et l’Asie, sans oublier ce qui a pu inspirer l’empereur
Bokassa en Afrique. N’en déplaise à Hudson Lowe, Napoléon en effet reste
toujours vivant, et si l’on connaît désormais assez bien sa biographie, il faut
analyser sa présence actuelle pour connaître l’entière portée de ses actes. Une
enquête auprès des librairies de toutes natures, par exemple, pourrait en dire
long sur la réelle présence de Napoléon par le biais de sa plus ou moins bonne
commercialisation…
[1] Luigi Mascilli Migliorini, Le mythe du héros. France et Italie après la
chute de Napoléon, Paris, Nouveau Monde Éditions/Fondation Napoléon, 2002, 216 p.
[2] Laurent Joffrin, « Préface » à
Paul Noirot [textes réunis par], Napoléon
Bonaparte. La littérature enivrée, Paris, In Forma- Maisonneuve et Larose,
1999, p. 23.
[3] Roland Barthes, La chambre claire. Note sur la photographie, Paris, Cahiers du Cinéma-Gallimard-Seuil,
1980, p. 13.
[4] Jacques-Olivier Boudon, Les habits neufs de Napoléon, Paris, Bourin éditeur, 2009, p. 57.
[5] Jean-Paul Bertaud, Napoléon et les Français, 1799-1815, Paris, Armand Colin, 2014,
p. 11.
[6] Natalie Petiteau, Napoléon, de la mythologie à l’histoire, Paris, Le Seuil, 1999, 439
p.
[7] Jacques-Olivier Boudon, Les habits neufs de Napoléon, Paris, Bourin éditeur, 2009,
167 p.
[8] CN, volume XXVIII, document 21 690.
[9] Jean Tulard, L'Anti-Napoléon.
La légende noire de l'empereur, Paris, Gallimard, Archives, 1965,
260 p.
[10] François-René de Chateaubriand, De Buonaparte et des Bourbons,
Jean-Jacques Pauvert éditeur, 1966 (1ère édition Mame, 1814), 162 p.
[11] François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, ouvrage cité,
volume 1, p. 1009.
[12] Pour reprendre la célèbre expression d’une
vielle femme que Napoléon aurait anonymement questionnée, aux environs de Lyon,
en 1805, mots cités dans Le mémorial de
Sainte-Hélène, ouvrage cité, volume 1, p. 418.
[13] Sudhir Hazareesingh, La légende de Napoléon, Paris, Tallandier, 2005 (1ère
édition en anglais en 2004), 414 p.
[14] Cité dans idem, p. 93.
[15] Idem,
p. 34.
[16]
Gilles Malandain, L'introuvable complot :
attentat, enquête et rumeur dans la France de la Restauration, Paris, éditions de
l’EHESS, 2011.
[17] Heinrich Heine, De la France, Paris, Gallimard, 1994, p. 54.
[18] André-Jean Tudesq, « La légende
napoléonienne en 1848 », Revue
historique, n° 218, juillet-septembre 1957, p. 64-85.
[19] Emmanuel comte de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, ouvrage cité.
[20] Walter Bruyère-Ostells, La Grande Armée de la liberté, Paris, Tallandier, 2009, 335 p.
[21] Natalie Petiteau, Napoléon, de la mythologie à l’histoire, ouvrage cité, notamment le
chapitre 2 et Écrire la mémoire. Les
mémorialistes de la Révolution et de l’Empire, Paris, Les Indes Savantes,
2012, 309 p.
[22] Luigi Mascilli Migliorini, Le mythe du héros, ouvrage cité, p.
32 ; p. 46-48.
[23] Victor Hugo, « A la colonne de la place
Vendôme », dans Chants du
crépuscule, édition établie par
Pierre Albouy, Paris, Gallimard, Poésie, 1966, p. 35.
[24] Annie Jourdan, Mythes et légendes de Napoléon. Un destin d’exception entre rêve et
réalité…, Toulouse, Privat, 2004, p. 73-75.
[25] Juliette Glikman, La monarchie impériale. L’imaginaire politique sous Napoléon III,
Paris, Nouveau Monde éditions, 2013, 540 p.
[26] Natalie Petiteau, Lendemains d’Empire, ouvrage cité et Sudhir Hazareesingh, La Saint-Napoléon. Quand le 14 juillet se
fêtait le 15 août, Paris, Tallandier, 2007, 294 p.
[27] Victor Hugo, « Fable ou
histoire », dans Les Châtiments,
édités par Guy Rosa et Jean-Marie Gleize, Paris, Le Livre de Poche, 1985,
p. 101.
[28] Victor Hugo,
« L’expiation », ibidem,
p. 204-216.
[29] Jean Tulard, « Le retour des
cendres », dans Pierre NORA [dir.], Les
lieux de mémoires. Tome II : La
Nation, volume 3, Paris, Gallimard, Bibliothèque illustrée des
histoires, 1986, p. 108.
[30] Le
Gaulois, 15 août 1869 et Le Moniteur
Universel, 16 et 17 août 1869.
[31] Cité par Louis Villat, La Révolution et l’Empire, Tome II : Napoléon (1799-1815), Paris, P.U.F., Clio, 1942,
p. XXXVI.
[32] Témoignage de Léon Daudet dans L’Action française, 24 avril 1921.
[33] Témoignage de Louise Bodin dans L’Humanité, 8 mai 1921.
[34] Maurice Barrès, Le roman de l'énergie nationale. Tome 1 : Les déracinés, Paris, Emile Paul, s.d., p. 216-217.
[35] Ernest Lavisse, Histoire de France. Cours moyen. Préparation au certificat d'études
primaires, Paris, Colin, 1913, p. 185.
[36] Maréchal Foch, Éloge de Napoléon. Préface du général Weygand, Paris, Les Iles
d'Or, 1947, 35 p.
[37] André Malraux, Vie de Napoléon par lui-même, Paris, Gallimard, 1991 (1ère
édition en 1930), 410 p.
[38] Voir de plus amples détails dans notre Napoléon, de la mythologie à l’histoire,
Paris, Le Seuil, 1998, chapitre 4.
[39] Philippe De Gaulle, De Gaulle, mon père, paris, Plon, 2003, tome 1, p. 399.
[40] Il est publié en version intégrale dans Le
Monde, 16 août 1969, p. 5.
[41] Cité dans L’humanité, 15 août 1969,
p. 4.
[42] Cité dans Le Monde, 16 août 1969, p.
5.
[43] Jacques-Olivier Boudon, Les habits neufs de Napoléon, ouvrage cité, p. 14.
[44] Émile Kern, L’impossible commémoration de Napoléon, de Napoléon III à Nicolas
Sarkozy, Edilivre, 2012, p. 163.
[45] Patrick Rambaud, La bataille, Paris, Grasset, 1997, 301 p.
[46] Max Gallo, Napoléon, Paris, Robert Laffont, 1997, 4 volumes.
[47] Film du réalisateur Yves Simonneau, sur un
scénario de Didier Decoin, 2002.
[48] Jean-Paul Kauffmann, La chambre noire de Longwood, Paris, La Table Ronde, 1997,
351 p.
[49] Jacques-Olivier Boudon, Les habits neufs de Napoléon, ouvrage cité, p. 11-15.
[50] Éléments
d’étude sur le Conseil d’État napoléonien, Paris, Fondation
Napoléon-éditions Lamy, 2000, 159 p.
[51] Jacques-Olivier Boudon, Les habits neufs de Napoléon, ouvrage cité, p. 20-25.
[52] Claude Ribbe, Le crime de Napoléon, Paris, éditions Privé, 2005, 206 p.
[53] Jacques-Olivier Boudon, Les habits neufs de Napoléon, ouvrage cité, p. 31-39.
[54] Émile Kern, L’impossible commémoration…, ouvrage cité, p. 203.
[55] Dominique de Villepin, Les Cent Jours ou l’esprit de sacrifice, Paris, Perrin, 2001, 634
p.
[56] Dominique de Villepin, Le soleil noir de la puissance, Paris, Perrin, 2007, 630 p.
[57] Le
Figaro, 11 mai 2009, http://www.lefigaro.fr/elections-europeennes-2009/2009/05/12/01024-20090512ARTFIG00006-fillon-poursuit-la-campagne-europeenne-en-slovenie-.php et discours du premier ministre François
Fillon, 11 mai 2009,
http://www.gouvernement.fr/premier-ministre/intervention-du-premier-ministre-francois-fillon-au-colloque-franco-slovene-europe-
[58] Jean Tulard, entretien donné au Point, 1e décembre 2005, p.
62.
[59] Max Gallo, à propos du livre d’Alain
Duhamel, La marche consulaire, dans Le Figaro, 23 janvier 2009.
[60] Le
Post, article du 25 janvier 2009 :
http://www.lepost.fr/article/2009/01/25/1399783_napoleon-sarkozy-ni-grand-ni-petit.html
[61] Le
Point, 8 janvier 2009.
[62] Laurent Joffrin, « Le règne de
Sarkonaparte », dans Le Point, 8
janvier 2009.
[63] Jean-Jacques Urvoas, sur France Inter, dans le cadre du 7/9, 10
août 2010.
[64] Cité dans Le Monde, 10 août 2010, p. 1.
[65] Discours du président de la République, 2
juin 2008, 16 juillet 2009, 13 octobre 2009, disponibles sur
http://www.elysee.fr/president/les-actualites/discours/discours.18.html
[66] Nicolas Sarkozy, Ensemble, XO éditions, 2007, 159 p.
[67] Pour reprendre l’expression d’Arthur Conan
Doyle, La grande ombre, Paris, Stock,
1909, 265 p.
[68] Alain Duhamel, La marche consulaire, Paris, Plon, 2009, 259 p.
[69] Natalie Petiteau, « Les mémorialistes
aux origines du mythe de Napoléon ? », dans Attentes et sens
autour de la présence du mythe de Napoléon aujourd’hui, Actes du colloque
de Corte des 6,7 et 8 septembre 2010, sous la direction de Jean-Dominique Poli,
Ajaccio, éditions Alain Piazzola, Università di Corsica, 2013, p. 287-304
[70] Alain Duhamel, La marche consulaire, ouvrage cité, p. 53.
[71] Idem,
p. 27.
[72] Voir ses cinq Chroniques du règne de Nicolas Ier, Paris, Grasset, de
2008 à 2012.
[73] Edwy Plenel, éditorial, Le Monde 2, 3 décembre 2004.
[74] Lionel Jospin, Le mal napoléonien, Paris, Le Seuil, 2014, 233 p.
[75] Roger Caratini, Napoléon, une imposture, Paris, Michel Lafon, 1998, 525 p.
[76] Laurent Joffrin, Les batailles de Napoléon, Paris, Le Seuil, 2000, 284 p.
[77] Dominique Jamet, Napoléon, Paris, Plon, 2003, 210 p.
[78] Voir par exemple des ouvrages de Michel
Peyramaure comme Lavalette, grenadier
d’Égypte, Paris, Robert Laffont, 1999, 255 p. ou Les folies de la duchesse d’Abrantès, Paris, Calmann-Lévy, 2013,
352 p. ; Fanny Deschamps, Pauline de sa jeunesse, Paris, Albin
Michel, 1998, 461 p.
[79] Francesca Sanvitale, Le fils de l’Empire, Paris, Fayard, 1993, 531 p. ; Ernesto
Ferrero, N., Paris, Gallimard, 2000,
373 p.
[80] Valéry Giscard d’Estaing, La victoire de la Grande Armée, Paris,
Plon, 2010, 321 p.
[81] Marie Ferranti, Une haine de Corse, Paris, Gallimard, 2012, 347 p.
[82] Jean d’Ormesson, La conversation, Paris, éditions de Noyelles, 2011, 120 p.
[83] Jean-Marie Rouart, Napoléon ou la destinée, Paris, Galliamrd, 2012, 347 p.
[84] Jean Tulard, « Napoléon dans la roman
populaire », dans Napoléon, de
l’histoire à la légende. Actes du colloque des 30 novembre et 1er
décembre 1999, Paris, In Forma- Maisonneuve et Larose, 2000, p.
345-348 ; Gérard Gengembre, « Napoléon, le grand homme du roman populaire »,
dans Le Rocambole. Bulletin des amis du
roman populaire, n° 27, été 2004, p. 17-26.
[85] Jean-Claude Brisville, La dernière salve, Arles, Actes Sud, 1999, 58 p.
[86] Jean-Pierre Mattei [dir.], Napoléon et le cinéma. Un siècle d’images,
Ajaccio, Alain Piazzola, 1998, 384 p.
[87] David Chanteranne, Isabelle Veyrat-Masson, Napoléon à l’écran. Cinéma et télévision,
Paris, Nouveau Monde éditions/Fondation Napoléon, 2003, 222 p.
[88] Jean-Marc Largeaud, Napoléon et Waterloo, ouvrage cité.
[89] Émile Kern, L’impossible commémoration…, ouvrage cité, p. 269, 291, 301.
[90] Jacques-Olivier Boudon, Les habits neufs de Napoléon, ouvrage cité, p. 62.
[91] Le
Monde 2, 23 août 2014, p. 23-27
[92] Napoléon,
sa naissance, son éducation, sa carrière militaire, son gouvernement, sa chute,
son exil et sa mort, Paris, Vauquelin, 1821, p. 4.
[93] Antoine Vincent Arnault, Vie politique et militaire de Napoléon,
Paris, Emile Babeuf, 1822, p. I.
[94] G. Touchard-Lafosse, J. Saint-Amant, Précis de l'histoire de Napoléon, du
Consulat et de l'Empire avec les réflexions de Napoléon lui-même sur les
événements et les personnages les plus importants de son époque suivi d'un
examen politique et littéraire des ouvrages qui se rattachent le plus
immédiatement à l'histoire de Napoléon, Paris, A. Thoisnier-Desplaces,
1825, p. 1.
[95] Léonard Gallois, Histoire de Napoléon d’après lui-même, Paris, Béchet, 1825,
652 p.
[96] Antoine-Henri baron de Jomini, Vie politique et militaire de Napoléon
racontée par lui-même au tribunal d’Alexandre, de César et de Frédéric,
Paris, Anselin, 1827, 4 volumes.
[97] Jacques Marquet de Montbreton de Norvins, Histoire de Napoléon, Paris, Furne,
1833 (4ème édition) (1ère édition : Paris, Ambroise
Dupont, 1827-1828), volume I, p. I-II.
[98] Antoine-Clair Thibaudeau, Histoire générale de Napoléon Bonaparte, de
sa vie privée et de sa vie publique, de sa carrière politique et militaire, de
son administration et de son gouvernement, Paris, Ponthieu, 1827,
volume 1, p. IV.
[99] J. de M., Souvenirs d'un beau règne ou Napoléon sur la colonne contenant
l'histoire du grand-homme : ses victoires, conquêtes, désastres, captivités,
tortures et l'histoire de tous les maréchaux de France, depuis leur naissance
jusqu'à leur mort. un précis historique de l'histoire de France depuis 1789
jusqu'à nos jours ; et un précis des révolutions nationales et étrangères.
Dédiés aux patriotes, Paris, chez tous les marchands de nouveautés,
1833, p. 13.
[100] Frédéric Soulié, La lanterne magique. Histoire de Napoléon racontée par Frédéric Soulié,
ornée de 50 vignettes avec des annotations par E. de La Bédollierre, Paris,
Henriot, 1838, p. 288 sq.
[101] C’est le cas tout particulièrement dans
Alexandre Dumas, Napoléon, Paris,
Delloye, 1840, 410 p. Voir aussi Histoire
populaire de Napoléon, ornée de douze vignettes, Paris, Feret, 1841,
322 p.
[102] Voir notamment Louis Lurine, Histoire de Napoléon racontée aux enfants
petits et grands, Paris, Kugelmann, 1844, 314 p. Mais aussi
Alexandre Dumas, Napoléon, ouvrage
cité, p. 357 ou encore Vie de
Napoléon dédiée au peuple français, Paris, Poussielgue, 1840, 106 p.
[103] Frédéric Soulié, La lanterne magique, ouvrage cité, p. 10-12.
[104] Louis-Pierre-Édouard baron Bignon, Histoire de France depuis le 18 brumaire
(novembre 1799) jusqu'à la paix de Tilsitt (juillet 1807), Paris,
Béchet, Firmin Didot, 1829-1850, 14 volumes.
[105] P.F. Tissot, Histoire de Napoléon rédigée d'après les papiers d'État, les documents
officiels, les mémoires et les notes secrètes de ses contemporains suivi d'un
précis sur la famille Bonaparte et précédée de réflexions générales sur
Napoléon, Paris, Delange-Taffin, 1833, prospectus joint.
[106] Louis Ardant, Histoire de Napoléon. Détails sur sa famille, sa naissance, son
éducation, son mariage, ses conquêtes, ses généraux, son exil et sa mort, Paris,
Didier, 1833 (3e édition, 1ere aussi en
1833), p. 5.
[107] Achille Henri, Histoire de Napoléon offrant le
tableau complet de sa vie civile, politique et militaire, de son élévation et
de sa chute ; le récit de son exil, de sa mort à Ste-Hélène suivi de détails
sur la translation de ses cendres à Paris en 1840, Paris, Renault, 1845,
320 p.
[108]Adolphe Thiers, Histoire du Consulat et de l’Empire, tome I, Paris, Paulin,
1845, p. 81.
[109] Idem,
tome XVII, 1860, p. 837-840
[110] Luigi Mascilli Migliorini, Le mythe du héros, ouvrage cité, p.
33-36.
[111] Histoire
populaire de Napoléon Ier suivie des anecdotes impériales par un
ancien officier de la garde, Paris, Boisgard, 1853, 320 p.
[112] Alexandre-François-Joseph Martin de Gray, Histoire de Napoléon, Paris, Amyot,
1853-1854, volume 1, p. 1.
[113] Ibidem,
volume 3, p. 455.
[114] Ibidem,
volume 1, p. 231.
[115] Ibidem,
volume 3, p. 78, 234 et 455.
[116] Ibidem,
p. 275.
[117] A. Fournier, Napoléon Ier, Paris, Émile Bouillon, 1891-1892, volume
1, p. 19 et 68.
[118] Antoine Guillois, Napoléon. L'homme, le politique, l'orateur d'après sa correspondance et
ses œuvres, Paris, Librairie Académique Didier, 1889, volume 1, p. 6.
[119] Arthur Lévy, Napoléon intime, Paris, Plon, 1893, p. V.
[120] Cités par Jacques Godechot, L’Europe et l’Amérique à l’époque
napoléonienne, ouvrage cité, p. 282. Voir notamment Frédéric Masson, Napoléon chez lui, Paris, Tallandier,
Bibliothèque napoléonienne, 1977 (1ère édition en 1894), 293 p.
[121] Selon l’expression employée par le maréchal
Joffre dans la préface à Gérard Lacour-Gayet, Napoléon, sa vie, son œuvre, son temps, Paris, Hachette, 1921,
p. 1.
[122] Ibid.,
p. 97.
[123] Ibid.,
p. 194.
[124] Emil Ludwig, Napoléon, traduit par Alice Stern, présenté par Henry Bidou, Paris,
Le Club des Libraires de France-Payot, 1960(1ère éd° en 1925),
687 p.
[125] Ibid.,
p. 359.
[126] Édouard Driault, La vraie figure de Napoléon, Paris, éditions Albert Morancé, 1928,
p. 2.
[127] Dmitry Merejkovsky, Vie de Napoléon. Traduit du russe par M. Dumesnil de Gramont,
Paris, Calmann-Lévy, 1930, volume 1, p. 149 puis volume 2,
p. 199.
[128] Jacques Bainville, Napoléon, Paris, Fayard, 1958 (1ère édition en 1931),,
p. 606.
[129] Louis Madelin, Napoléon, Collection « Les constructeurs », Paris, Dunod,
1935, p. 10, p. 73 et p. 159.
[130] C’est elle que l’on retrouve dans l’Histoire du Consulat et de l’Empire,
ouvrage cité, tome 1, p. 10, puis tome 3, p. 73-97.
[131] Eugène Tarlé, Napoléon. Traduit du russe par Charles Steber, Paris, Payot, 1937
(1ère édition en russe en 1936), p. 1.
[132] Ibidem,
p. 16, 65 et 131.
[133] Georges Lefebvre, Napoléon, ouvrage cité, p. 65-68.
[134] Octave Aubry, Napoléon, Paris, Flammarion, 1936, p. 183-224.
[135] Jean Lucas-Dubreton, Napoléon, Paris, Fayard, 1942, p. 262.
[136] Henri Calvet, Napoléon, Paris, P.U.F., « Que sais-je ? », 1943,
p. 46.
[137] Ibidem,
p. 48.
[138] Jules Bertaut, Napoléon ignoré, Paris, Sfelt, « Présence de l’histoire »,
1951, p. 7
[139] Georges Lenôtre, Napoléon, ouv. cit.
[140] Henri Guillemin, Napoléon tel quel, Paris, éditions de Trévise, 1969, 153 p.
[141] André Castelot, Bonaparte et Napoléon,
Paris, Librairie Académique Perrin, 1967 et 1968, 749 p. et
994 p.
[142] Ibidem,
p. 6.
[143] Ibid.,
p. 7.
[144] Ibid.,
p. 8.
[145] Ibid.,
p. 490.
[146] Albert Manfred, Napoléon Bonaparte, ouvrage cité, p. 40-43.
[147] Jean Tulard, Napoléon, ou le mythe du sauveur, ouvrage cité, p. 11.
[148] Antoine Casanova, Napoléon et la pensée de son temps, ouvrage cité.
[149] Luigi Mascilli Migliorini, Napoléon, ouvrage cité.
[150] Steven Englund, Napoléon, ouvrage cité.
[152] Patrice Gueniffey, Bonaparte, ouvrage cité.
[153] Michel Covin, Les mille visages de Napoléon, Paris, L’Harmattan, 1999, 255 p.
[154] Jacques Godechot, Napoléon, Paris, Albin Michel, 1969, p. 97.
[155] Roger Dufraisse, Napoléon, Paris, P.U.F., « Que sais-je ? »,
1987, p. 3.
[156] Cité dans Jacques Godechot, L’Europe et l’Amérique à l’époque
napoléonienne, ouvrage cité, p. 289.
[157] Louis-Pierre-Édouard baron baron Bignon, Histoire de France depuis le 18 brumaire…, ouvrage
cité.
[158] Voir sur ce point nos Napoléon, de la mythologie à l’histoire et Écrire
la mémoire, ouvrages cités.
[159] Jean Tulard, « La correspondance de
Napoléon », dans Journal des savants,
1966, p. 48-56.
[160] Napoléon Bonaparte, Manuscrits inédits (1786-1791), ouvrage cité
[161] Arthur Chuquet, La jeunesse de Napoléon, ouvrage cité
[162] Retenons particulièrement, dans la série AP
des archives nationales, les fonds Caulaincourt, Mollien, Ney, Berthier,
Davout, Daru, Cambacérès, Sieyès, Gourgaud, Masséna, Poniatowski, Suchet
d'Albufera.
[163] Louis Madelin, Histoire du Consulat et de l'Empire. Tome XI : La nation sous l'empereur, Paris,
Hachette, 1948, p. 5.
[164] Pour le bilan de l’historiographie du
Consulat et de l’Empire au XXe siècle, nous renvoyons à notre Napoléon, de la mythologie à l’histoire,
ouvrage cité. L’actualisation a été récemment faite par Cécile Barial, L’historiographie napoléonienne depuis la fin
des années 1990, mémoire de MASTER 2 sous notre direction, université
d’Avignon et des pays de Vaucluse, 2013, 101 p.
[165] Louis Bergeron, Guy Chaussinand Nogaret, Les masses de granit. Cent mille notables du
Premier Empire, Paris, EHESS, 1979, 122 p. ; Claude-Isabelle Brelot, La
noblesse réinventée. Nobles de Franche-Comté de 1814 à 1870, Paris, Les
Belles Lettres, 1992, 610 et 632 p. ; Jacques-Olivier Boudon, L’épiscopat français à l’époque
concordataire, 1802-1905. Origines, formation, nomination, Paris, Le Cerf,
1996, 589 p. ; Natalie Petiteau, Élites et mobilités. La noblesse d’Empire au
XIXe siècle, 1808-1914, Paris, La Boutique de l’Histoire, 1997, 714
p. ; Stefano Levati, La nobilità del
lavaro. Negozianti e banchieri a Milano tra Ancien Regime e restaurazione,
Milan, Franco Angeli, 1997, 320 p.
[166] Igor Moullier, Le ministère de l’Intérieur sous le Consulat et le Premier Empire
(1799-1814). Gouverner la France après le 18 Brumaire, thèse de doctorat
sous la direction de Gérard Gayot, Lille III, 2004, 710 p.
[167] Isser Woloch, Napoleon and his Collaborators. The Making of a Dictatorship, New
York-Londres, Norton, 2001, 281 p., Pierre Serna, La République des girouettes, 1795-1815 et au delà. Une anomalie
française : la France d’extrême-centre, Paris, Champ Vallon, 2005,
570 p. ; Pierre Branda, Napoléon
et ses hommes. La Maison de l’Empereur, 1804-1815, Paris, Fayard, 2011, 574
p.
[168] Matthieu de Oliveira, Les routes de l’argent. Réseaux et flux financiers de Paris à
Hambourg (1789-1815), Paris, CHEFF, 543 p.
[169] Jean-Yves Coppolani, Les élections en
France à l’époque napoléonienne, Paris, Albatros,1980, 494 p.
[172] Léo Hamon [éd.], Les Cent Jours dans
l’Yonne. Aux origines d’un bonapartisme libéral, Paris, éditions de la MSH,
1988, 230 p.
[173] Voir dans la bibliographie les ouvrages de
Jean-Paul Bertaud, Jacques-Olivier Boudon, Patrice Gueniffey et Thierry Lentz
[174] Bernard Gainot, « Pratiques politiques
et stratégies narratives. Hypothèses de recherche sur les conspirations
militaires. “La conspiration Malet “ de 1808 », dans Politix, volume 14, n° 54, 2001, p.
95-117 ; Thierry Lentz, La
conspiration du général Malet, 23 octobre 1812, Paris, Perrin, 2011, 339 p.
[175] Natalie Petiteau, Les Français et l’Empire, ouvrage cité ; Aurélien Lignereux, L’Empire des Français, ouvrage cité.
[176] Pierre Birnbaum, L’Aigle et la Synagogue. Napoléon, les Juifs et l’État, Paris,
Fayard, 2007, 294 p. ; Jacques-Olivier Boudon [dir.], Le Concordat et le retour de la paix religieuse en France, Paris,
SPM, 2008, 220 p.
[177] Annie Jourdan, Napoléon, héros, imperator et mécène, Paris, Aubier, 1998, 382
p. ; Jacques-Olivier Boudon [dir.],
Napoléon et les lycées : enseignement et société en Europe au début
du XIXe siècle, Paris, Nouveau Monde éditions, 2004, 392
p. ; Jean-Claude Bonnet [dir.], L’Empire
des muses, Paris, Belin, 2004, 484 p. ; David Chaillou, Napoléon et l’opéra. La politique sur scène,
1810-1815, Paris, Fayard, 2004, 539 p.
[178]
Natalie Petiteau, Guerriers du
Premier Empire, ouvrage cité ; Natalie Petiteau, Jean-Marc Olivier,
Sylvie Caucanas, Les Européens dans les
guerres napoléoniennes, Toulouse, Privat, 2012, 286 p. ; Hervé Drévillon [dir.], Guerres et armées napoléoniennes. Nouveaux
regards, Paris, Nouveau Monde éditions, 2013, 562 p. ; Marie-Pierre
Rey, L’effroyable tragédie, ouvrage
cité ; Jacques-Olivier Boudon, Napoléon
et la campagne de Russie, ouvrage cité. ; Stéphane Calvet, Destins de braves. Les officiers charentais
de Napoléon au XIXe siècle, Paris, Les Indes Savantes, 2010, 545
p.
[179] Frédéric Régent, Esclavage, métissage, liberté. La Révolution française en Guadeloupe,
1789-1802, Paris, Grasset, 2004, 484 p. ; Bernard Gainot, Les officiers de couleurs dans les armées de
la République et de l’Empire (1792-1815), Paris, Karthala, 2007, 232 p.
[180] Jacques-Olivier Boudon, La France et l'Europe de
Napoléon,
Paris, Armand Colin, 2006, 380 p. et Aurélien Lignereux, L’Empire des Français, ouvrage cité.
Je crois que je vais commencer par ce chapitre avant de lire en entier votre livre. Très bien, votre participation hier à La Grande Librairie avec d'autres grandes plumes !
RépondreSupprimerMerci à vous, j'espère que le livre vous plaira !
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