En déclarant que « le
gouvernement de la République est confié à un empereur »[1], le sénatus-consulte du 18 mai 1804
établit sur une ambiguïté monumentale non seulement le régime sous lequel la
France s’apprête à vivre son existence post-révolutionnaire, mais aussi un
courant politique qui a marqué tout le XIXe siècle. Cet article Ier
de la constitution de l’an XII vise bien évidemment à souligner la
continuité que Napoléon Bonaparte lui-même tenait à maintenir entre la
Révolution et son régime, entre une République, que tout le monde jugeait
moribonde à la veille de Brumaire, et son propre règne, qu’il conçoit comme
l’achèvement de la Révolution par la stabilité politique et sociale. Aujourd’hui
encore, la filiation révolutionnaire de Napoléon ne fait pas de doute pour les
historiens du XIXe siècle[2].
Ne faut-il pas voir en cette
formulation la source de l’une des complexités de la vie politique française
contemporaine ? La culture républicaine n’a nullement été condamnée par le
régime impérial lors de sa mise en place : il conserve au contraire ses
couleurs et même, pour quelque temps encore, son calendrier ; il adopte ses
valeurs, de l’égalité, de la fraternité et de la propriété ; il confirme le
choix directorial d’un pouvoir législatif remis entre les mains de deux
chambres. De plus, le régime impérial proclame que l’un de ses devoirs est de
préserver le territoire de la République. C’est au nom de cela que la guerre a
continué de ravager l’Europe, que les drapeaux de la République devenus ceux de
l’Empire ont été couverts de gloire, et que Napoléon a refusé les offres de
paix qui lui étaient faites en 1814.
Et c’est encore sur cette ambiguïté
– le régime impérial serait donc le meilleur garant des acquis de la République
– que s’est joué l’acte final de 1815, ces presque cent jours durant lesquels
paysans et ouvriers étaient prêts à remettre leur sort entre les mains de celui
qui seul semblait apte à les délivrer du joug renouvelé des Bourbons. En 1815
plus encore qu’en 1804, le régime de Napoléon, refondé sur une constitution
revisitée par le libéral Benjamin Constant, incarne pour une partie de la
nation une véritable synthèse entre les legs républicains et ce dont la France
aurait besoin pour affronter les temps nouveaux[3]. C’est alors que s’enracine une part
essentielle de la mythologie impériale : l’empereur des humbles, le chef
de guerre luttant contre l’Europe des tyrans, le souverain seul capable de
donner à la France une constitution respectueuse des acquis révolutionnaires,
le chef politique porté par les faubourgs parisiens qui n’attendaient plus que
d’être armés par lui. C’est sur ce terreau que s’est épanouie la légende forgée
à Sainte-Hélène[4]. Dès lors, la vie politique, telle qu’elle
existe en un XIXe siècle longtemps sans partis, sans lecteurs
nombreux, sans presse à grand tirage, est sans cesse traversée non seulement
par l’héritage de l’Empire – tout n’est pas que mythe dans ce qui reste de ce
régime ! – mais aussi par la figure mythique de Napoléon. Or celle-ci
se superpose à l’idée républicaine, qui elle aussi demeure présente tout au
long du XIXe siècle, fondée sur une autre mythologie. Faut-il pour
autant soutenir avec François Furet que la légende napoléonienne a constitué le
vecteur essentiel de l’idéal républicain[5] ? Quoi qu’il en soit, il faut
porter une grande attention au fait qu’un robespierriste comme Albert
Laponneraye ait pu reconnaître en Napoléon un dictateur providentiel et un
tyran salutaire[6].
La France du XIXe siècle
connaît en tout cas des partisans de l’empereur capables de se rallier à la
République en 1848, à l’instar de Raspail, elle connaît aussi, durant le Second
Empire, des napoléonistes qui sont des républicains convaincus, à l’image du
fils aîné de Jérôme ou des membres de la lignée de Lucien, elle connaît même,
après 1870, des républicains prompts à chercher dans les souvenirs de l’Empire
des raisons de croire en l’avenir de la République. Il est vrai que celle-ci a
été fondée en partie sur un héritage constitué par l’Empire, lequel a été aussi
pour elle un modèle concurrent en même temps qu’un repère souvent utilisé dans
les crises qu’elle a traversées.
La constitution d’un héritage : une République à l’école de
l’Empire ?
Si la Ve République s’est
refusée à célébrer un quelconque bicentenaire de l’Empire à partir de 2004,
elle n’a en revanche jamais négligé de reconnaître ce qu’elle pouvait devoir au
régime impérial. Elle a notamment rendu à Napoléon ce qui lui revient dans
l’invention des rouages de l’État post-révolutionnaire, dont beaucoup
fonctionnent encore de nos jours. Dès l’an 2000, le bicentenaire qui ne dit pas
son nom commence avec la commémoration de la création du Conseil d’État par la
constitution de l’an VIII (13 décembre 1799)[7]. Si l’Ancien Régime avait institué un
Conseil privé du Roi, l’actuel Conseil d’État ne se reconnaît de véritable
ancêtre que dans le Conseil d’État napoléonien[8]. Chargé de rédiger les projets de lois
et les règlements d’administration publique, il a par ailleurs pour fonction d’arbitrer
tout conflit en matière administrative. Il est clairement impliqué, à partir de
1804, dans la vérification de la constitutionnalité des lois, fonction qui le
caractérise jusqu’à nos jours. Toutes les Républiques ont reconnu la nécessité
de disposer d’une institution vouée à juger la puissance publique et toutes ont
de ce fait pérennisé une institution qui a particulièrement bien incarné la
volonté de Bonaparte de réaliser la synthèse entre l’Ancien Régime et la Révolution.
C’est au sein du Conseil d’État que
les codes napoléoniens, du Code civil de 1804 au Code pénal de 1810, ont été
préparés : ils forment l’héritage le plus important que les régimes
successifs, du XIXe au XXIe siècle, ont reçu de l’Empire.
Certes, la République s’est employée à en modifier les contenus au fur et à
mesure des mutations de la société française, mais les magistrats de la
République eux-mêmes ne se sont-ils pas longtemps plu à parler du Code Napoléon
pour désigner le Code civil ? Si cet usage se meurt en ce début de XXIe
siècle, il était encore très largement en vigueur aux débuts de la Ve
République : il est vrai que si la société de 1958 parvenait encore à se
reconnaître dans les grandes lignes du texte de 1804, cela ne se vérifie plus
guère dans une République qui a instauré le PACS, entre autre exemple. La
France a fini par ne plus vivre au temps du Code Napoléon. Mais il aura fallu
pour cela que passent quatre républiques…
Quant à l’organisation
administrative de la France républicaine, fondée entre autres sur les pouvoirs
des préfets, elle trouve elle aussi son origine dans les institutions
napoléoniennes. Certes, la Révolution avait déjà accompli l’essentiel, en
créant les communes et les départements. Mais, dans sa volonté centralisatrice,
Napoléon a minutieusement organisé l’institution préfectorale qui, même dans
notre République fascinée désormais par la décentralisation, n’en demeure pas moins
l’un des fondements de l’État républicain. Les réactions suscitées par l’assassinat
du préfet Érignac en Corse, en 1998, suffisent à témoigner de ce que s’en
prendre à un préfet en exercice, c’est bafouer l’honneur de la République et
soumettre celle-ci à une grave menace. Les préfets sont aujourd’hui encore les
représentants de la République dans les départements et assument ainsi
pleinement l’héritage du régime qui a inventé leurs fonctions. Les « empereurs
aux petits pieds » sont devenus les représentants du Président de la République
qui, comme Napoléon, a le pouvoir de les nommer et de les révoquer. Ainsi, la
République a-t-elle consacré, certes à la suite des monarchies restaurées, une
institution qui avait été, en son temps, emblématique de l’organisation du
pouvoir impérial. Et pourtant qui, dans la république d’aujourd’hui, songerait
à fustiger la fonction préfectorale ? Et l’on peut gager qu’il en irait de
même dans le cadre d’une hypothétique VIe République.
Qui songerait d’autre part à remettre
en question la Légion d’honneur, imitée aujourd’hui dans presque tous les États
du monde ? En 2002, le non-bicentenaire de l’Empire est passé par de
nombreuses cérémonies officielles et rencontres scientifiques autour de la
création de cet ordre destiné à désigner à la nation les meilleurs soutiens du
régime. Pensé comme le creuset des élites de la France post-révolutionnaire,
l’ordre de la Légion d’honneur a distingué tous les mérites mis au service de
la nation. Il a certes rapidement fait la part belle – trop belle – aux
militaires - au point qu’il fallut créer une autre élite, celle des anoblis de
l’Empire, pour mieux récompenser les mérites les plus grands, y compris parmi
les civils. Mais le prix accordé par tout récipiendaire à « la croix »
lui a assuré un succès tel qu’aucun régime n’a ensuite osé la supprimer. Le 14
juillet est chaque année l’occasion de nominations fort attendues et
attentivement scrutées. Rares sont ceux qui refusent l’honneur d’être ainsi
décorés au motif qu’ils jugent cette distinction incompatible avec leur
conception de l’égalité républicaine. Et c’est pourtant initialement au nom de
cette égalité que des membres du Sénat ou du Corps législatif du Consulat
avaient protesté contre la création de la Légion d’honneur. Certains acteurs du
régime napoléonien, en 1802, ont donc été plus critiques à l’égard de
l’établissement de cette dignité que les pères fondateurs des régimes
républicains ultérieurs. Qui, dans la République d’aujourd’hui, oserait dire
qu’arborer le ruban rouge est contraire à l’égalitarisme républicain ? Et
en même temps qui oublie, en parlant de la Légion d’honneur, que sa création
est due à Napoléon ? On oublie davantage, en revanche, que c’est également
à Napoléon que l’on doit l’institution des lycées, par la loi du 1er
mai 1802[9]. La pérennité de telles institutions
signifie donc particulièrement bien à quel point la République s’accommode de
la présence de Napoléon dans sa culture. Et pourtant, elle s’est souvent
heurtée au modèle concurrent que forme face à elle le régime impérial.
Un modèle concurrent : l’Empire
contre la République ?
En
confiant le gouvernement de la République à un empereur, la constitution de
l’an XII a confirmé que la France pouvait rester dans la voie où elle s’était
engagée dès 1799 : celle où la vie politique se tourne vers un personnage
charismatique dont on attend le sauvetage de la patrie face aux ennemis de
l’intérieur et de l’extérieur. Les années du Consulat et de l’Empire sont un
nouveau temps dans la politisation des Français. Les dix années
révolutionnaires, les sept premières années de la Première République ont été
trop courtes pour permettre à chaque citoyen de comprendre et intérioriser les
règles d’une vie politique fondée sur la pluralité des options et la diversité
des idéologies. En réalité, la royauté n’est morte ni le 10 août 1792, ni le 21
janvier 1793. Certes, les Bourbons sont déchus, certes la dynastie capétienne
est rejetée, certes la monarchie absolue est remplacée par une monarchie puis une
république constitutionnelle. Dès lors, la France, monarchique, impériale ou
républicaine, ne sera plus jamais dépourvue de constitution écrite et en cela
l’Ancien Régime est bien défunt. Mais le sacre du 2 décembre 1804 signifie à
chaque citoyen que les destinées du pays sont entre les mains d’un homme qui,
pour beaucoup, serait le seul capable de faire « rentrer la Révolution au
port ». Tels sont en tout cas les termes employés par plusieurs membres du
Tribunat et du Sénat lorsqu’il s’est agi de justifier la proclamation de
l’Empire[10]. Le retour au principe dynastique est
présenté alors comme le seul moyen d’échapper aux dérives dont la Révolution a
été victime : confier les destinées de la République à une dynastie doit
la protéger de l’instabilité et des intrigues politiques. Rétablir l’hérédité, selon
les tribuns et les sénateurs de 1804, c’est épargner à la République les aléas
engendrés par le système électif[11].
C’est aussi garantir la position de
la France dans une Europe qui ne connaît alors que des monarchies. Mais ce
faisant, la spécificité de la France consiste à avoir pour monarque un homme
érigé par son destin en Grand Homme. En cela aussi, la France opère une
synthèse entre Ancien Régime et République. Car les années républicaines ont
laissé émerger les héros nationaux et si les discours de 1804 peuvent faire
d’abondantes mentions du Grand Homme, c’est parce qu’ils s’inscrivent dans la
continuité des pratiques d’une nation confrontée aux dangers de la guerre.
Héros glorieux de la lutte contre les Autrichiens en Italie, Bonaparte a
incarné le sauveur auquel les partisans de la fin du Directoire ont jugé utile
d’avoir recours. Ainsi, même pour des artisans majeurs de la Révolution, la
République ne peut survivre que sous la protection d’un héros[12]. La Première République a donc légué aux
suivantes un système monarchique d’une facture inédite : hérédité et toute-puissance
du monarque, mais un monarque issu du rang des héros sauveurs de la nation, un
monarque qui ne tient pas son pouvoir de Dieu, mais qui est sorti du peuple,
avec l’approbation du peuple. « Lui, il est des nôtres », rétorque la
vieille femme rencontrée par un Napoléon incognito, en 1814, la provoquant en
lui faisant remarquer que les Français ont fait la Révolution pour retrouver un
roi[13]. En ces paroles anecdotiques – vraies ou
fausses ? – se trouve résumée la façon dont bien des Français ont perçu
l’empereur. En 1804 en tout cas, seul le tribun Lazare Carnot a publiquement
soutenu, contre tous ses homologues, que l’Empire ne pouvait pas assurer la
continuité de la République. Tous les autres membres du Tribunat et du Sénat se
sont employés à souligner que les institutions de l’Empire étaient vraiment
républicaines et que, grâce au nouveau régime, la France serait toujours une
République.
Quoi qu’il en soit, ce qui a été
proposé en 1804 a finalement été intériorisé par bien des Français, qui, pour
certains, ont même témoigné de leurs sentiments en de maladroites adresses spontanées,
dont le vocabulaire n’est pas sans rappeler celui des vies de saints[14]. Au final, la nation s’est incarnée en
un souverain charismatique. L’Empire a donc légué à la France des références qui vont compter pour
longtemps dans la vie politique : de ses pratiques naît finalement un
bonapartisme qui pense l’avenir de la nation autrement qu’en terme de
république ou de monarchie bourbonienne, plaçant au premier rang de ses préceptes
politiques la nécessité de confier la conduite du pays à un homme charismatique
en qui puissent s’incarner tous les espoirs de rénovation sociale. Dans les
campagnes et dans les rues des villes, durant le premier XIXe
siècle, ce ne sont guère les cris de « Vive la République » que
certains se risquent à prononcer, mais bien plus souvent des vivats en faveur
de l’empereur. Mythe et héritage impériaux ont souvent étouffé la culture
républicaine. Les pratiques du régime impérial ont facilité non pas seulement
la construction de la légende napoléonienne, mais aussi une politique
d’héroïsation pour un chef présenté comme le moteur de l’histoire. Moyennant
quoi il a encouragé la ferveur des anonymes pour une personnalité phare,
ferveur d’autant plus vive que l’homme ainsi adulé pouvait paraître issu lui
aussi des rangs de ces mêmes anonymes. Les expériences que les sujets de
l’Empire ont retirées de ces quinze années ont bien été déterminantes pour
comprendre avec quels bagages ils abordent, par exemple, les restaurations
républicaines de 1848 puis de 1870. La force de la légende ne suffit pas à
expliquer la forte majorité qui s’est affirmée, lors de la première élection
présidentielle au suffrage universel masculin, en faveur de l’héritier
napoléonien. La préférence pour des cadres politiques où la cause de la nation
est assimilée à l’action d’un seul homme perçu comme un sauveur a sans doute
compté tout autant. Dès lors, la République a dû faire avec cette donnée
fondamentale.
Il semble qu’en ces temps d’élection
présidentielle – ces lignes sont écrites entre avril et mai 2012… - et d’appels
à une sixième république mettant fin à l’élection du président au suffrage
universel, cet héritage continue d’être présent dans la République, pour
susciter adhésion ou rejet. Et la culture politique attachée à un pouvoir
assumé par un élu au dessus de tous les autres continue de s’imposer. Lorsque
François Hollande, au soir du premier tour des présidentielles, le 22 avril
2012, parle à la première personne et souligne qu’il est le gagnant plutôt que
de dire que la victoire revient à son parti, ne se glisse-t-il pas
inconsciemment et précocement dans la peau du monarque républicain que tous les
présidents de la Ve République ont tenté d’incarner avec plus ou
moins de succès ? Entre 1799 et 1815, Napoléon a prouvé que la République
n’est pas la seule figure imaginable de la nation. En 2012, la nation est sous
l’égide d’une République incarnée par un homme, et il est particulièrement
révélateur que celui qui a occupé la fonction de 2007 à 2012 ait été souvent
accusé de se rêver en Napoléon du XXIe siècle.
Si l ‘empereur a si bien
incarné la nation française, c’est aussi parce que celle-ci, depuis 1792, avait
apprécié d’être reconnue comme la Grande Nation, apportant les valeurs de 1789
à l’Europe entière avec ses troupes de volontaires capables de remporter
d’impensables victoires. Au fil des campagnes contre les premières coalitions,
les volontaires de l’an II sont pour beaucoup devenus des soldats de métier
fiers de leur gloire. Parce qu’ils ont toujours associé leurs combats à la
défense de la Révolution, ils ont constitué, pour les armées napoléoniennes,
des cadres qui ont donné à celles-ci un esprit fort différent de celui des
armées d’Ancien Régime. Les officiers et sous-officiers du Consulat et de
l’Empire ont contribué, ne serait-ce qu’en diffusant avec enthousiasme les
discours de guerre de Napoléon[15], à fonder le régime sur la gloire
militaire. Certes Napoléon était le plus civil des militaires, et en 1799 il ne
songe nullement à partager son pouvoir avec d’autres généraux[16]. Mais Napoléon a toujours su qu’une
défaite entraînerait sa chute, tandis que les Français ont finalement pris
l’habitude de voir leur armée couverte de lauriers. Certes, de plus en plus
nombreux sont ceux qui refusent de voir leurs fils partir sous les drapeaux.
Mais la gloire du drapeau national n’en reste pas moins bonne à prendre. Et,
après 1815, après les défaites en Russie, en Allemagne, en France et en
Belgique, une partie des Français ‑ mais nulle proportion ne peut en être
donnée – songe avec nostalgie à la gloire de l’Empire. Pour les hommes ou
les femmes qui, sous la Restauration, se risquent à proférer des cris séditieux
en faveur de Napoléon, l’Empire signifie tout à la fois une France forte et
glorieuse et un régime dont on croit se souvenir qu’il était favorable aux plus
modestes. En tout cas, à la gloire des trois couleurs, on associe la mémoire
des bienfaits de la Révolution. Et face aux vétérans des armées napoléoniennes
dont les services rendus à la nation ne sont guère reconnus et encore moins
récompensés, ni même compensés ‑ avoir laissé un membre sur un champ de
bataille permet à peine de toucher une pension décente ‑, les Français
peuvent mesurer que la Restauration et la Monarchie de Juillet ne font guère
cas de la nation glorieuse qu’ils ont autrefois constituée[17]. Or, être républicain en France durant
le premier XIXe siècle, c’est aussi être attaché aux trois couleurs
et à la mémoire d’une France glorieuse. C’est donc rejoindre sur ce terrain
essentiel de la gloire nationale les nostalgiques de l’Empire. La mémoire de
l’Empire a là encore fait oublier celle de la République, d’autant que les
mémorialistes de celle-ci se font beaucoup plus discrets que ceux de celui-là[18].
Tout cela est constitutif de l’ombre
portée que l’Empire jette sur la République de 1848, au point d’agir comme un
véritable repoussoir. Si le nom de Napoléon sort des urnes, le 10 décembre
1848, c’est notamment parce qu’il est alors étroitement mêlé au souvenir de la
gloire et de la défense des acquis de la Révolution Villageois et ouvriers ont
pu voter pour ce nom-là, connu d’eux sans avoir besoin de la médiation des
notables. Certains ont même cru voter pour l’empereur. Les premiers défenseurs
d’une cause que l’on commence alors à nommer le bonapartisme ont su rappeler en
outre les premiers combats de Louis-Napoléon Bonaparte et de son frère aîné aux
côtés des carbonari italiens. Ils assimilaient ainsi la cause des Napoléon à la
cause libérale sans pour autant engager Louis-Napoléon à défendre l’existence
de la République. Quant aux notables, si une minorité d’entre eux a pu se
souvenir des honneurs distribués par l’Empire, une majorité a essentiellement
vu dans le neveu de Napoléon Ier l’homme qui lui servirait de
paravent ‑ et rien de plus que de
paravent ‑ pour finalement échapper à cette République qui entre février
et juin avait tenté d’aller plus loin qu’elle ne le voulait. Le mythe impérial,
avec ses multiples facettes, a donc étouffé la culture républicaine dans les
urnes de 1848, tandis que la restauration impériale qui se profile en décembre
1851 la met à mal en décimant le mouvement républicain par la répression de la
résistance au coup d’État.
Les usages du mythe impérial à l’heure républicaine : l’Empire au secours
de la République ?
Dès
les débuts du Second Empire, Victor Hugo a dénoncé le 18 brumaire pour mieux
fustiger le 2 décembre. Le célèbre poème consacré à L’expiation montre l’ombre de Napoléon effrayée en voyant
Louis-Napoléon commettre le coup d’État : les sentiments de honte et
d’effroi que le poète prête à l’empereur devant cet attentat le conduisent à
l’expiation de son propre crime, c’est-à-dire le 18 brumaire[19].
La gloire de Napoléon Ier, redevenu « Bonaparte », n’est
donc plus sans tache dans les pages hugoliennes qui, en 1870, s’en prennent
même à la renommée militaire puisque L’Année
terrible condamne les guerres de l’Empire. Victor
Hugo, nouveau chantre de la République, a ainsi ouvert la voie à de nouveaux
positionnements : la grandeur de Napoléon ne suffit pas à racheter les
erreurs de Napoléon-le-Petit, et la nouvelle république est invitée à vivre
sans assumer le mythe impérial.
Pourtant le nom de
Napoléon est encore prononcé à la tribune de la Chambre des députés. Dès 1871,
Gambetta avoue son admiration pour celui qui, affirme-t-il, « a fait la
France, malgré tout, incomparablement belle et puissante, belle d’une splendeur
qui ne périra pas malgré ses défaites, puissante d’une souveraineté qu’elle
retrouvera, malgré ses mutilations temporaires »[20].
Si la défaite a suscité un regain d’hostilité à l’égard du vaincu de Waterloo, y
compris chez Victor Hugo, elle le laisse aussi incarner, même pour les
républicains les plus convaincus, la gloire éternelle d’une France qui ne peut
que rapidement se relever de la défaite. La République semble jouer l’oncle
contre le neveu et promouvoir ainsi un héros revisité, de surcroît fort utile
quand, à partir de 1881, la France se heurte à la Grande-Bretagne dans la
réalisation de ses ambitions coloniales : l’anglophobie peut alors se
nourrir des souvenirs du martyr de Sainte-Hélène qui a lutté contre
l’Angleterre pour défendre la Révolution, image qui devient celle de la
littérature officielle des manuels scolaires de Lavisse.
L’histoire
de l’Empire, à partir des années 1880, est de plus en plus dominée par des
lectures conservatrices qui fixent la nouvelle place du mythe impérial dans la
culture républicaine. Ainsi Albert Vandal loue Bonaparte pour avoir
affranchi la France de la « tyrannie jacobine »[21].
En même temps, la France renoue par ailleurs avec l’usage politique d’ériger
l’empereur en héros pour oublier les ombres figurant au tableau de sa situation
diplomatique. Le mythe impérial demeure un capital dans lequel sont puisés les
éléments d’identité d’une nation qui tente de construire sa République sur les
ruines d’une défaite : dans cette entreprise, Napoléon est un héros des
plus utiles, dont le portrait est peint au mieux des intérêts d’une France
vaincue mais fière à la fois de son passé et de sa démocratie enfin établie.
Toute une
génération est alors élevée dans le culte impérial. Du côté de la droite
extrême, Léon Daudet, né en 1867, se souvient de ses vingt ans passés dans ce
culte napoléonien renaissant : « À 20 ans […] je dévorais tout ce qui
paraissait sur Napoléon. […] Élevée dans l’ombre et la douleur de la défaite,
notre génération se consolait et se montait le coco avec les récits de ces
campagnes qui, même désastreuses ou folles, gardaient dans leurs pages, avec le
son du canon, le goût de la victoire. La légende était encore là et mettait une
auréole dorée autour de la redingote grise et du petit chapeau »[22]. Louise Bodin, née dix ans
plus tard, élève à l’École Normale Supérieure de Sèvres puis membre du parti
communiste, a baigné, aux alentours de 1900, dans la même atmosphère qu’elle
critique sévèrement : « La napoléonite sévissait alors à l’état aigu, à
l’école, au théâtre, dans les rues et dans les salons, dans les journaux et
dans les livres, par la parole et par l’image. Nous autres, la jeunesse
étudiante, on nous intoxiquait savamment »[23].
À ces témoignages fait écho le roman
de Maurice Barrès : en 1897, dans Les
Déracinés, il présente en effet Napoléon comme un « professeur
d’énergie » qui se révèle à cinq jeunes étudiants visitant la crypte des
Invalides le 5 mai 1884[24]. L’évocation de l’empereur
est l’occasion de prendre des accents revanchards, revanche en laquelle, selon
Barrès, il est d’autant plus permis d’espérer que la force du rêve qui émane du
souvenir du « Napoléon de l’âme » peut se transformer en action. Dès
lors, Napoléon incarne l’homme fort des nationalistes. Tout en fixant ses
regards sur la ligne bleue des Vosges, la France n’oublie pas celui dont
l’action débordante mena ses troupes sur toutes les routes de l’Europe :
il est bien érigé, pour toute une génération, en un modèle d’énergie que la
République ne doit pas se priver d’utiliser.
Ernest Lavisse s’emploie cependant, au travers des différents manuels
scolaires qu’il dirige, à mettre en garde les futurs citoyens contre le danger
de confier le pouvoir à un homme trop ambitieux : annexer la gloire de
l’Empire ne doit pas empêcher de tirer les leçons des plébiscites
bonapartistes… Et lorsque l’heure est à l’affermissement de la République, le
héros victorieux est moins honoré par la culture scolaire républicaine. Dans
les manuels conformes aux programmes scolaires de 1894, l’accent est mis plus
que jamais sur les dangers du despotisme et les succès militaires sont moins
glorifiés. Le défenseur de la Révolution face aux coalitions européennes est
finalement bien oublié dans le Lavisse de 1913, qui conclut en soulignant que
Napoléon était détesté de l’Europe qu’il opprimait[25].
La mythologie impériale semblait disparaître de la culture républicaine au moment
où l’Europe allait de nouveau être
ravagée par la guerre. La volonté de croire en la paix, si forte encore en 1913,
autorisait à reléguer cette mythologie au magasin des accessoires.
La Revue des Études napoléoniennes agit
cependant à l’inverse. Initialement fondée en 1912 pour renouveler
l’historiographie de l’Empire, elle a joué un rôle contraire à sa raison d’être
et a tenté, contre Lavisse, de maintenir la mémoire de l’Empire au cœur de la
culture républicaine. Elle a avant tout fait œuvre patriotique en s’efforçant
de convaincre l’armée qu’elle n’a pas à avoir honte de Waterloo, et pas
davantage, par conséquent, de Sedan : la gloire du Premier Empire est
ainsi utilisée pour aider la République à être à son tour victorieuse dans un
conflit qui éclate cent ans après la chute de l’Empire. Le directeur de la
revue, Édouard Driault, voit donc en Napoléon l’organisateur de la victoire de
1918 et l’inventeur de l’Europe nouvelle en construction. Il accepte la
présidence du Comité d’action pour le Centenaire de la mort de Napoléon, tout
en utilisant sa revue contre la montée du communisme : glorifiant Napoléon
sous les traits du premier héros des libertés démocratiques, il le loue
également pour avoir institué en Illyrie, en Roumanie et en Pologne des
« marches de la civilisation bloquant la barbarie dans le repaire de ses
marécages », système fort heureusement, selon lui, imité par les
vainqueurs de 1918[26].
Le mythe de l’Empire est donc convoqué pour préserver la culture
républicaine de la contagion communiste. Dans les prolongements d’une victoire
dont la France ne finit pas de se satisfaire et dans la certitude de la
solidité d’une République capable de résister à une guerre longue et difficile,
la mémoire de l’empire n’effraie plus et semble bien au contraire utile. Le
concert de louanges qui s’est manifesté à l’occasion du centenaire de la mort
de Napoléon, le 5 mai 1921, ne se joue cependant pas dans une complète
unanimité : les oppositions viennent des deux extrémités du champ
politique. Le parti communiste est le plus radical dans son refus de s’associer
aux réjouissances[27].
Alexandre Blanc remarque pour sa part l’étrange admiration des républicains
pour celui qui étrangla la République et des royalistes pour celui qu’ils
nommaient autrefois « l’usurpateur »[28].
Le lendemain, Charles Rappoport fait un parallèle entre Karl Marx, génie
bienfaisant que les communistes vénèrent avec raison, et Napoléon, génie
malfaisant, esclave de sa volonté de dominer et père du bourrage des crânes
patriotiques[29].
Avec l’entrée du parti communiste sur la scène de la vie politique
républicaine, s’exprime donc une nouvelle forme d’opposition à Napoléon, lequel
ne peut trouver grâce auprès de ces pacifistes convaincus.
Pourtant, il n’est pas davantage accepté par les nationalistes dont
l’attitude est désormais opposée à celle qui fut la leur au temps des Déracinés et des rêves de revanche. Si
l’Action française accepte l’héritage
de prestige et les leçons d’art militaire que Napoléon a légués à la France, si
elle exprime sa reconnaissance pour celui qui a inspiré les victoires de Foch,
elle n’en reproche pas moins vigoureusement à Napoléon « d’avoir uni ce
qu’il fallait diviser, éveillé ce qu’il eût mieux valu laisser dormir »[30] :
il est à ses yeux l’auteur de l’unité allemande qu’il aurait fallu défaire[31].
C’est au nom même du nationalisme qu’est condamné un Napoléon père du principe
des nationalités puisque ce principe s’est retourné contre la France[32].
Condamner Napoléon, c’est donc également condamner le contenu des traités de 1919.
Napoléon est du reste accusé d’être à l’origine du recul de la puissance
française alors que des progrès constants ont été faits, sur le plan extérieur,
au temps de la France des rois[33].
La France selon le cœur de Charles Maurras ou de Léon Daudet est celle de
Louis XIV et non plus celle de Napoléon, dont la politique, fruit des
idées de Montesquieu, Rousseau et Robespierre, a inspiré la démocratie
plébiscitaire qu’il abhorrent[34].
Seul Barrès voit encore en lui un « multiplicateur d’enthousiasme »[35].
Les cultures hostiles à la République rejettent désormais ouvertement la
mythologie impériale.
Mais
dans le contexte des difficultés rencontrées par les alliés pour faire
respecter les conditions du traité de Versailles par l’Allemagne vaincue, le
centenaire de la mort de Napoléon est généralement l’occasion de glorifier une
France victorieuse, héritière, en 1918, de celle de Napoléon. Les cérémonies
qui se déroulent le 5 mai 1921 sont marquées par de vibrants discours qui sont
autant hommage à l’empereur qu’aux vainqueurs de la Grande Guerre. Le discours
du ministre de la Guerre, Barthou, devant l’Arc de Triomphe, souligne que
Napoléon ne peut être le monopole d’un parti, il est une gloire nationale et
non plus une tradition politique : la République peut donc honorer sans
danger l’auteur du coup d’État de Brumaire dont l’œuvre législative préside
encore aux destinées de la France. « Professeur d’énergie » au temps
où il s’agissait de reconquérir l’Alsace et la Lorraine, Napoléon devient
l’inspirateur de la politique de fermeté face à une Allemagne vaincue mais
encore rebelle. C’est pourquoi il importe à la France de se rassurer dans le
souvenir de sa gloire par la voix du maréchal Foch auquel il revient de
prononcer le discours des Invalides. Les armées de la France, celles de
1792-1815 comme celles de 1914-1918, y sont unies dans un même combat pour
l’indépendance de leur pays et la liberté des peuples[36].
La
culture républicaine entretient donc au XXe siècle un rapport plus
apaisé, mais très utilitariste, au mythe et à l’héritage impériaux[37].
En témoigne encore le bicentenaire de la naissance de Napoléon. Le discours
prononcé par le président Pompidou en cette occasion fait, au travers de
Napoléon, l’éloge de l’ordre et de l’autorité de l’État[38].
Ce qui, de la politique napoléonienne, lui paraît le plus estimable est une
politique visant à l’unification et à la réconciliation nationale[39].
Le premier ministre Jacques Chaban-Delmas, promoteur de la « nouvelle
société », dit quant à lui, son admiration « pour la grande
entreprise de modernisation que Napoléon a conçue en son temps et qui a permis
à la France de disposer d’une organisation qui fut longtemps exemplaire »[40].
Pour les héritiers du gaullisme, il est impossible de renier ce grand homme par
excellence, qui n’eut que la France pour réelle « passion », et qui a
conduit celle-ci a toujours répondre à « l’appel de l’honneur :
l’histoire de nos dernières années l’a démontré avec éclat, grâce une fois
encore à l’action d’un homme exceptionnel ». Les parallèles entre De
Gaulle et Napoléon ne manquent pas dans les discours d’alors. Car l’Empire a
aussi légué à la culture républicaine l’idée qu’en cas de crise il est possible
de recourir à l’homme providentiel et de lui confier un pouvoir fort. De Gaulle
l’a bien compris et c’est pourquoi il a osé fonder la Cinquième République puis
proposer le retour de l’élection du président de la République au suffrage
universel, rétablissant ainsi un lien direct entre le peuple et le chef de
l’État. Le bicentenaire de Napoléon a donc été abondamment utilisé pour
permettre aux gaullistes de justifier leurs propres conceptions de la culture
républicaine. Pour la droite gaulliste, qui n’oublie pas de renier de
l’héritage impérial ce qui est incompatible avec les valeurs républicaines essentielles,
il reste primordial, en ces lendemains de mai 1968, de chanter les louanges de
cet homme d’ordre qui reste grand par son œuvre administrative aussi bien que
par la place qu’il a faite à la France en Europe. L’histoire de la France
depuis 1789 compte deux sauveurs, et le second a tout à gagner à ne pas tout
renier du premier, bien au contraire.
* * *
Les années 1789-1815 ont donc légué à la France
contemporaine une histoire constamment relue et une mémoire fort encombrante,
si bien que les souvenirs de l’Empire forment une culture qui a été de moins en
moins une culture politique et qui a relevé de plus en plus de la mythologie. Si
mythologie et mémoire de l’Empire était encore très largement présentes dans la
culture républicaine de 1969, en est-il de même en 2012 ? Insidieusement,
les candidats à l’élection présidentielle, en validant avec conviction le
principe de confier le destin de la nation à une forme de monarque républicain,
s’inscrivent dans le principe sous-tendu par la constitution de 1804.
Pour le reste,
si le mythe impérial demeure extrêmement présent dans l’imaginaire des
Français, il est moins, désormais, une image de la vie politique qu’un argument
touristique. Napoléon n’a plus vocation à sauver la République mais plutôt à
sauver des emplois. Tel est en tout cas l’argument majeur utilisé par les
tenants du projet du parc de Montereau, où Napoléon ferait concurrence à Mickey
sur le territoire de la Seine-et-Marne, et où l’intérêt croissant des touristes
ferait du parc Napoléon un précieux pourvoyeur d’emplois[41]. Si l’on songe donc à
« utiliser le passé [napoléonien] pour en faire un levier d’avenir »,
comme le préconise Yves Jégo, ce n’est plus en termes politiques ou idéologiques,
mais en termes économiques. À en juger également par l’omniprésence des guerres
napoléoniennes dans les jeux vidéos, il faut donc bien se rendre à
l’évidence : le mythe impérial est sorti de la culture républicaine pour
entrer dans celle de la consommation de masse et de l’imaginaire ludique.
Natalie PETITEAU
Université d’Avignon-Centre Norbert Élias,
UMR 8562
[1] Jacques GODECHOT, Les constitutions de la France, Paris,
Garnier-Flammarion, 1984, p. 185.
[2]Voir très récemment
Christophe CHARLE, Discordance des temps.
Une brève histoire de la modernité, Paris, Colin, 2011, p. 20.
[3] Robert
ALEXANDER, Bonapartism and revolutionary tradition in France. The fédérés of
1815, Cambridge University Press, 1991, 314 p.
[4] Natalie PETITEAU, Napoléon, de la mythologie à l’histoire,
Paris , Le Seuil, 1998, 440 p.
[5] François FURET, La Révolution, cité par Sudhir
HAZAREEZINGH, « L’imaginaire républicain en France, de la Révolution
française à Charles de Gaulle », dans Revue
historique, 2001-3, p. 637-654.
[6] Albert LAPONNERAY, Réfutation des idées napoléoniennes de
Louis-Napoléon Bonaparte, 1839, cité par Sudhir HAZAREESINGH, idem.
[7] Éléments d’étude sur le Conseil d’État napoléonien, Paris,
Fondation Napoléon-éditions Lamy, 2000, 159 p.
[8]
http://www.conseil-etat.fr/fr/naissance-et-evolution/
[9]
Jacques-Olivier BOUDON [dir.], Napoléon
et les lycées, Paris, Nouveau Monde éditions, 2004, 392 p.
[10] Natalie PETITEAU,
« Les Français et l’empereur », dans Hélène BECQUET et
Bettina FREDERKING [dira.], La dignité de roi. Regards sur la royauté en
France au premier XIXe siècle, Rennes, Presses Universitaires de
Rennes, 2009, p. 21-36
[11] L’ensemble des discours
auxquels ce développement fait allusion figure dans La proclamation du
Premier Empire ou Recueil des pièces et actes relatifs à l’établissement du
gouvernement impérial héréditaire, imprimé par ordre du Sénat conservateur,
introduction par Thierry Lentz, Paris, Nouveau Monde éditions/Fondation
Napoléon, 2002, 310 p.
[12] Jean-Claude BONNET, Naissance
du Panthéon. Essai sur le culte des grands hommes, Paris, Fayard, 1998,
414 p. ; Pierre
CENTLIVRES, Daniel Fabre, Françoise ZONABEND [dir.], La fabrique des héros, Paris, éditions de la MSH, 1999, 316
p. ; Georges MINOIS, Le culte des grands hommes, des héros homériques au
star system, Paris, Audibert, 2005,
569 p.
[13]
Paroles rapportées notamment par Henri-Gatien BERTRAND, Cahiers de Sainte-Hélène, édités par Paul Fleuriot de Langle, Paris, Albin Michel, 1959, tome 2, p.
27-28.
[14] Natalie PETITEAU, Les Français et l’Empire, 1799-1815,
Paris, La Boutique de l’Histoire, 2008, p. 158 sq.
[15] Discours de guerre de Napoléon Bonaparte, présentés par
Jacques-Olivier Boudon, Paris, éditions Pierre de Taillac, 2011, 190 p.
[16] Michel KERAUTRET,
« Napoléon et la quatrième dynastie : fondation ou
restauration ? », dans La
dignité de roi, ouvrage cité, p. 35-36.
[17] Natalie PETITEAU, Lendemains d’Empire
: les soldats de Napoléon dans la France du XIXe siècle,
Paris, La Boutique de l’Histoire, 2003, 400 p.
[18] Natalie
PETITEAU, Écrire la mémoire. Les mémorialistes de la Révolution et de
l'Empire, Paris, Les Indes Savantes, 2012, 312 p.
[19] Victor HUGO, « L’expiation », dans Les Châtiments, édités par Guy Rosa et
Jean-Marie Gleize, Paris, Le Livre de Poche, 1985, p. 204-216.
[20] Cité par Louis VILLAT, La Révolution et l’Empire, Tome
II : Napoléon (1799-1815),
Paris, P.U.F., Clio, 1942, p. XXXVI.
[21] Albert VANDAL, L’avènement de Bonaparte, Paris, Plon,
1902, 2 volumes.
[22] Témoignage de Léon DAUDET
dans L’Action française, 24 avril
1921.
[23] Témoignage de Louise BODIN
dans L’Humanité, 8 mai 1921.
[24] Maurice BARRÈS, Le roman de l'énergie nationale. Tome
1 : Les déracinés, Paris,
Emile Paul, s.d., p. 216-217.
[25] Ernest LAVISSE, Histoire de France. Cours moyen. Préparation
au certificat d'études primaires, Paris, Colin, 1913, p. 185.
[26] Revue des Études napoléoniennes, août 1920, p. 12-26.
[27] L’Humanité, 5 mai 1921.
[28] Ibid, 6 mai 1921.
[29] Ibid, 7 mai 1921.
[30] L’Action française, 22
avril 1921.
[31] Ibid., 5 mai 1921.
[32] Ibid., 6 mai 1921.
[33] Ibid., 5 mai 1921.
[34] Ibid., 24 avril 1921.
[35] Dans l’introduction à
Jean-Baptiste BARRÈS, Souvenirs d'un officier
de la Grande Armée publiés par son petit-fils, Maurice Barrès, Paris, Plon,
1923, p. XI.
[36] Maréchal FOCH, Éloge de Napoléon. Préface du général
Weygand, Paris, Les Iles d'Or, 1947, 35 p.
[37] Voir de plus amples détails
dans notre Napoléon, de la mythologie à
l’histoire, Paris, Le Seuil, 1998, chapitre 4.
[38] Il est publié en version
intégrale dans Le Monde, 16 août 1969, p. 5.
[39] Cité dans L’humanité, 15
août 1969, p. 4.
[40] Cité dans Le Monde,
16 août 1969, p. 5.
[41]
http://www.dailymotion.com/video/xp4nrx_le-parc-napoleon-un-grand-projet-porteur-d-emplois-pour-le-sud-seine-et-marne_news?fbc=241
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